Il y a encore quelques années, posséder dans sa bibliothèque les 30 volumes de l'Encyclopædia Universalis était le signe non seulement d'une incontestable ouverture sur le monde, mais aussi d'une certaine aisance financière puisque la collection au complet coûtait tout de même 3 000 euros. Outre un système de vente original (au porte à porte et par correspondance), cette encyclopédie a vu passer dans ses pages de nombreux contributeurs de prestige comme Claude Lévi-Strauss, Paul Ricœur ou encore Axel Kahn. La septième et ultime édition des volumes « papier » date de 2012. Après 45 ans d'activité, Encyclopædia Universalis a déposé son bilan le 30 octobre.
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Ce n'est pourtant pas faute de s'être adapté au numérique : l'entreprise, créée en 1966 par Encyclopædia Britannica et le Club français du livre, a édité des versions électroniques (CD puis DVD) dans les années 90, puis a proposé une déclinaison payante en ligne. Le chiffre d'affaires de l'entreprise, de 6 millions d'euros pour 2014, ne suffira pas puisqu'elle accuse une perte de 400 000 euros.
Wikipedia, sa consultation gratuite et son système de contribution sur la base du bénévolat a sans doute précipité la chute d'Universalis, bien que le site soit consulté par 10 millions de visiteurs uniques — dont une bonne partie de payants — par an. Mais ce n'est pas tout : un certain manque de vision au moment de se lancer franchement sur internet, des bisbilles entre actionnaires ainsi que les crédits en baisse du ministère de l'Éducation (malgré les promesses de l'« école numérique ») ont aussi joué leur rôle dans cette déconfiture. Faut-il pour autant enterrer Encyclopædia Universalis ? Pas encore : la société compte se restructurer, ce qui passera sans doute par une réduction des effectifs.