L’étude controversée de Facebook sur la manipulation des émotions a obligé le réseau social à lever le voile sur les activités d’une de ses branches très discrètes jusqu’alors : l’équipe Data Science. Celle-ci a été créée en 2007 et elle comprend une trentaine de chercheurs qui ont toute latitude pour transformer les utilisateurs de Facebook en cobayes – qu’ils soient consentants ou pas. Ce sont en fait des centaines de tests qui ont été effectués, sans vraiment de supervision ni de limites.
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En fait, « n’importe qui pouvait lancer un test », se rappelle Andrew Ledvina, un ancien de cette équipe qui y a travaillé de 2012 à 2013. Et ce, sans avoir à en référer à quiconque ni respecter l’habituel cahier des charges spécifique aux tests académiques. Autant dire que Facebook fait ici figure d’« open bar » pour les chercheurs… Le Wall Street Journal rapporte plusieurs exemples d’enquêtes. Des milliers d’utilisateurs ont par exemple reçu un jour une alerte du réseau social leur annonçant que leurs activités allaient être bloquées car Facebook pensait qu’ils étaient des robots… en sachant pertinemment que ça n’était pas le cas ! Il s’agissait pour l’entreprise de muscler ses capacités anti-fraude.
D’autres études ont concerné les causes de la solitude ou les messages de « mobilisation politique ». Pour des chercheurs, le bassin d’utilisateurs de Facebook est un terreau incroyablement fertile pour toutes sortes de tests et d’enquêtes sociales et psychologiques; c’est aussi, évidemment, du nanan pour les entreprises de marketing qui ne se privent pas de tester leurs messages sur le plus grand réseau social au monde. C’est une pratique courante chez à peu près tous les éditeurs de services web.
Même si en s’inscrivant à Facebook, on accepte d’abandonner au réseau social une partie de soi-même, Il n’en reste pas moins que ces expériences à grande échelle conduites sans supervision ont un petit effet inquiétant : après tout, personne n’aime être pris pour un cobaye. L’entreprise a précisé que les règles en la matière allaient être resserrées (avec la mention claire dans les conditions d’utilisation que les données privées peuvent servir à des fins de recherche), et que les études allaient être visées par une équipe de 50 experts. Le manque de transparence de Facebook dans ce domaine (ce qui est d’ailleurs commun chez d’autres services en ligne) n’aidera sans doute pas les utilisateurs les plus suspicieux à briser le mur de la défiance.