Depuis son départ effectif de Microsoft en février, Steve Ballmer s'est fait relativement discret. Pas de déclarations tonitruantes comme il en avait l'habitude quand il était PDG de l'éditeur, du moins jusqu'à très récemment. Il a en effet donné une conférence durant les débats très courus de l'Oxford Union. Le prédécesseur de Satya Nadella a mis Apple et Microsoft sur un pied d'égalité sur un aspect : ce sont toutes deux des entreprises qui doivent leur succès à deux « tours » (« tricks »).
Les « tours » d'Apple ont été, d'après Steve Ballmer, le Mac et l'informatique tactile basse consommation, à commencer par l'iPod, puis l'iPhone et l'iPad (et tout ce qui en a découlé comme l'App Store). « Nous sommes une entreprise formidable parce que nous avons tiré profit de deux tours », a indiqué l'ex-CEO en parlant toujours au présent de Microsoft. Il s'agit de l'ordinateur personnel et d'avoir su imposer la technologie en entreprises. « Nous avons imaginé ces deux tours et ça va se poursuivre pour encore des années », a t-il déclaré. « Mais dans notre industrie, vous devez avoir une troisième corde à votre arc ». Ballmer ne l'a malheureusement pas précisé, mais son successeur vise les données dans le nuage.
Il est également revenu sur les acquisitions qui font florès ces derniers temps au sein de la Silicon Valley, avec parfois des sommes qui dépassent l'entendement. Pour l'ancien patron de Microsoft, deux cas se présentent : il s'agit soit d'acquisitions pour la technologie, comme Apple a pu le faire avec Siri (et auquel cas, il faut intégrer l'entreprise rachetée dans la culture de l'entreprise acheteuse), soit l'acquisition sert à additionner les bases d'utilisateurs. Cela a été le cas quand Facebook s'est offert Instagram ou WhatsApp : il n'était pas question pour le réseau social d'utiliser les technologies mises au point pour ces deux services, mais de mettre à profit leurs énormes volumes d'abonnés — d'une manière qui reste encore à définir s'agissant de WhatsApp.
Steve Ballmer a pu aussi donner son avis sur l'avenir de Microsoft. Pour lui, les prochaines années resteront « hardcore », ce qui est une bonne chose : « Si le secteur n'est pas difficile, c'est un problème ». Il a foi en son ancienne entreprise (il en est d'ailleurs devenu le plus important actionnaire individuel depuis que Bill Gates a revendu quelques unes de ses parts), qui doit continuer à se nourrir d'ambition pour avancer. Le business, explique t-il en guise de conclusion, c'est comme les requins : il faut toujours avancer au risque sinon de rétrécir ou de se faire avaler.