Créée en 1991, Microsoft Research est l’archétype de la division stricte entre recherche fondamentale et applications pratiques. Depuis, Google a prouvé que les deux pouvaient non seulement coexister, mais aussi mutuellement s’enrichir. Au point que Microsoft elle-même cherche aujourd’hui a reproduire le modèle de Google X.
À l’intérieur de sa division de R&D, la firme de Redmond a donc créé un groupe dédié à des « projets spéciaux » dont le but est de « développer des technologies de rupture qui pourraient bénéficier aussi bien à l’entreprise qu’à la société. » Il est dirigé par Norman Whitaker, qui a notamment supervisé le développement de véhicules autonomes pour le compte de la Darpa, l’agence américaine de recherche avancée pour la défense.
Ce groupe, explique Mary Jo Foley, s’intéresse à tous les aspects de l’activité de Microsoft — « systèmes, réseau, informatique distribuée, conception d’interfaces utilisateur, appareils, nuage, mobilité, intelligence artificielle, "big data" et technologies du data-center. » Reste que ses projets ne devront pas qu’être précis et prosaïques : ils devront aussi « changer et rendre plus larges les idées que les gens se font de la technologie. »
Apple a longtemps bénéficié de l’apport d’une telle organisation : tenu par quelques-uns des esprits les plus brillants des années 1980 et 1990, son Advanced Technology Group a mis au point QuickDraw, QuickTime, HyperCard, AppleScript et les détecteurs de données, ainsi qu’un système d’indexation précurseur de Spotlight et le moteur de reconnaissance de l’écriture du Newton. Dissous par Steve Jobs, il s’est reformé ces dernières années sous l’impulsion de Bob Mansfield : c’est notamment dans ce cadre qu’Apple a mené les réflexions préliminaires au développement de l’iWatch.