Vivendi a finalement opté — à l'unanimité — pour le projet d'Altice/Numericable. Le groupe assure dans son communiqué avoir étudié en détail l'ultime offre soumise par Bouygues. Malgré son lobbying exceptionnel, l'entreprise de BTP n'est donc pas parvenue à renverser le cours du jeu. Vivendi livre les quatre points suivants comme ayant contribué à faire pencher la balance en faveur d'Altice :
1 - La qualité du projet industriel. Le projet d’Altice/Numericable repose sur une convergence mobile-fixe, avec des synergies découlant de l’interdépendance des réseaux respectifs des deux entités fusionnées. Les positions de SFR-Numericable dans le très haut débit fixe et mobile créeront de nouveaux leviers de croissance, une accélération du nombre de lignes connectées et des offres de très grande qualité pour les entreprises et les consommateurs. Elles offriront également d’importantes opportunités de développement dans le Quadruple Play et les nouveaux usages. Elles s’inscrivent dans la logique du plan France Très Haut Débit lancé en février 2013.
2 - La pérennité de l’emploi. Vivendi a fixé comme pré-requis aux acheteurs potentiels l’engagement sur l’emploi. Cela correspond également aux priorités affichées par le gouvernement. Le projet industriel d’Altice/Numericable est celui qui garantit pleinement le développement de l’emploi dans la durée, notamment par les investissements qu’il implique.
3 - Les risques de concurrence. Tous les experts consultés ont conclu que l’offre d’Altice/Numericable présente les risques les moins élevés en matière de concurrence. SFR et Numericable ne sont pas présents sur les mêmes segments de marché et leurs activités sont complémentaires.
4 - La valorisation pour Vivendi. Vivendi a retenu l’option la mieux équilibrée entre le numéraire reçu immédiatement et la participation en titres lui permettant de bénéficier de la valorisation totale la plus élevée. Tout en poursuivant la stratégie déjà annoncée de concentration dans les médias, Vivendi souhaite accompagner SFR, sa filiale depuis 27 ans, en confortant sa structure industrielle et sociale.
C’est pourquoi le Conseil de surveillance de Vivendi a choisi de recevoir 13,5 milliards d’euros à la réalisation de l’opération ainsi qu’un complément éventuel de prix de 750 millions d’euros, puis de pouvoir céder ultérieurement sa participation de 20 %. L’ensemble devrait représenter une valeur totale supérieure à 17 milliards d’euros.
Cet équilibre entre le numéraire reçu et l’espoir industriel de création de valeur correspond à la philosophie de Vivendi, groupe industriel et financier, soucieux de créer de la valeur pour le long terme dans l’intérêt des actionnaires, des salariés et des consommateurs.
Patrick Drahi, propriétaire de Numericable, avait expliqué mi-mars, au début de la phase de négociations exclusives avec Vivendi, à quoi allait ressembler la nouvelle entité. La marque Numericable sera remplacée à terme par SFR, qui bénéficie d'une meilleure image. L'ensemble disposera de 850 boutiques, dont celles de Numericable qui ne seront pas fermées.
Concernant les offres commerciales, il n'y aura « pas de hausse sur la 4G » et SFR/Numericable proposera « les meilleurs prix sur le très haut débit fixe », a promis Drahi. L'objectif est de conquérir 45 % de parts de marché sur le fixe.
Fatalement, Bouygues Telecom est le grand perdant de l’affaire. Le numéro trois de la téléphonie mobile avait pourtant tout mis en oeuvre pour être choisi : accord avec Free Mobile, bénédiction d’Arnaud Montebourg et une offre revue à la hausse à trois reprises ! Cet échec va tôt ou tard remettre en question la stratégie de Bouygues Telecom. L’acquisition de SFR semblait être la réponse à tous les maux que connaît l’opérateur depuis l’arrivée de Free Mobile.