Après des années de controverses, l'ICANN pourrait finalement sortir du giron du département du Commerce américain. Dans un communiqué daté du 14 mars, le secrétaire adjoint au Commerce, Lawrence Strickling, annonce que « le temps est venu de lancer un processus de transition », en ajoutant que « toutes les parties prenantes méritent d'avoir voix au chapitre de façon égale dans la gestion et la gouvernance de cette ressource mondiale ». Une première pour cet organisme à but non lucratif, qui a la charge d'administrer les noms de domaine et l'adressage IP.
La compétence de l'ICANN, créé en 1998 sous l'égide de l'ex-vice président Al Gore (qui émarge au conseil d'administration d'Apple depuis), est contestée depuis des années par l'Union européenne et l'ONU mais jusqu'à présent, les autorités américaines ont su préserver leur tutelle sur la société, basée à Marina del Rey, en Californie. Le département du Commerce lâche donc la bride autour du cou de l'ICANN, alors que les États-Unis sont devenus cette année un des membres du club des « Ennemis de l'Internet ». Ce classement, tenu par Reporters sans Frontières, compte également dans ses rangs Cuba, l'Iran, la Corée du Nord ou la Chine.
Difficile donc de ne pas penser que ce relâchement est l'une des conséquences des écoutes de la NSA, qui ont tendu les relations diplomatiques entre les États-Unis et ses alliés. Le Brésil accueillera une conférence internationale en avril afin de repenser la gouvernance mondiale d'internet.
Une conférence surprise comme le souligne Electron Libre. Le patron de l'ICANN, Fadi Chehadé, et la présidente brésilienne Dilma Rousseff ont décidé de ce sommet en moins d'une heure. Stéphane Van Gelder, président du comité de nomination de l’ICANN, juge qu'il y a « un vrai changement de mentalité [qui] s’opère dans le management. » « Fadi Chehadé bouscule beaucoup d’habitudes, y compris des habitudes de gens qui (dans un environnement très américano-anglosaxon) avaient l’habitude d’être systématiquement consultés et d’être capables de freiner des avancées "non-désirables" », explique-t-il auprès d'Electron Libre.
Source : Wall Street Journal