« Une bicyclette pour l’esprit », ainsi Steve Jobs résumait la raison d’être du Mac, la technologie étant l’outil permettant à l’homme d’exprimer pleinement son potentiel intellectuel et créatif. SMART Technologies, en partenariat avec Kallysta et le Premium Reseller Alis, pourrait avoir franchi un pas supplémentaire dans la concrétisation de cette affirmation. L’e-classe, c’est son nom, ambitionne de révolutionner le paradigme de l’éducation, faisant des élèves des acteurs de leur développement. Explications.
Les prémices d’une classe connectée
« On est partis d’un constat dans le milieu de l’entreprise : une recrudescence de l’absentéisme et du désengagement des employés. » Marc Geoffroy, consultant éducation à SMART Technologies, trace un bref historique des tableaux interactifs. Le premier modèle date de 1991, et a donné progressivement naissance à des écrans plus grands, plus précis, et à un système de projecteurs sur tableaux qui s’est rapidement popularisé dans l’Europe du Nord. « Nous voulions que la technologie apporte de nouvelles façons d’apprendre et de partager l’information. Les produits étaient d’abord conçus pour les entreprises, mais nous avons reçu un accueil extraordinaire dans le monde de l’éducation. »

Un marché encore balbutiant en France : à peine 20 % des établissements sont équipés en tableaux interactifs, alors que des pays comme le Danemark atteignent des taux de 120 %, ce qui veut dire que certaines salles de classe possèdent plusieurs tableaux. Et ils ont fait leurs preuves : en Angleterre, les établissements scolaires ont noté une baisse notable des taux d’absentéisme et des problèmes disciplinaires. Une panacée ? Plutôt un début de réponse, que le partenariat entre SMART Technologies, Kallysta et Alis veut développer en solution complète.
La mise en place d’un écosystème
SMART Technologies étend son expertise aux tableaux et écrans interactifs. Bien que notablement différents d’un point de vue technique, ces appareils sont similaires dans leur utilisation : « on pourrait dire que ce sont d’immenses iMacs, tactiles, et sur lesquels on peut écrire. » Dotés de reconnaissance d’écriture, ils permettent à l’enseignant de conserver sa position près du tableau, en faisant de l’ordinateur un simple périphérique. Les nouveaux modèles apportent le multipoint, autorisant ainsi la collaboration simultanée de deux à quatre élèves. Restent les problématiques de l’engagement et du support pour le reste de la classe.
Kallysta est une entreprise spécialisée dans l’éducation, et plus particulièrement dans l’apprentissage des langues, assisté par la technologie. À cet effet, la société a mis au point des mallettes de transport pour iPod, entre autres, afin de faciliter la diffusion de podcasts dans un laboratoire de langues. En 2008, Kallysta développe KallyLang, un logiciel pilote de l’activité sur différents postes. Il donne la possibilité de créer des groupes de travail, d’envoyer des ressources à tout ou partie des postes connectés, et de contrôler régulièrement l’avancée du travail. À l’arrivée de l’iPad en 2010, KallyLang évolue vers apiKa, doté des mêmes fonctions, mais à destination des tablettes d’Apple.


La gestion d’un travail collaboratif sur les tableaux, et d’un travail individuel sur iPad, trouve un élément de cohésion dans l’apparition de nouvelles normes Wi-Fi courant 2012. Le Premium Reseller Alis, le revendeur Kallysta et SMART Technologies, assemblent alors ces produits pour proposer la solution de l’e-classe : un tableau interactif relié au poste de l’enseignant, ce dernier contrôlant également les tablettes, le tout dans un environnement Wi-Fi.
De nouvelles interactions
Accessible depuis n’importe quel appareil connecté à internet via un identifiant de session, le tableau peut recevoir texte et images grâce au logiciel SMART Notebook, dont la licence est incluse. Le tableau réagit aussi bien au doigt qu’au stylet. Et des logiciels comme AirServer ou Reflektor permettent de partager sur le tableau un travail créé avec l’iPad.
« Les élèves sont baignés dans la technologie. L’idée est d’inverser le flux traditionnel — théorie à l’école, exercices à la maison — et de faire en sorte que le cours dépasse le cadre de la classe », explique un professeur de musique, membre du programme Apple Distinguished Educators. Et de citer iBooks Author : permettant de créer ses propres livres, le logiciel est également ouvert aux widgets HTML5, pouvant comprendre des QCM et des textes à trous. Autre exemple : l’application Book Creator (sur iPad) donne aux élèves la possibilité de créer chacun une page sur un sujet prédéfini, puis de mettre en commun leur travail, aboutissant à un livre lisible sur iBooks. Le tout sous la supervision du formateur, qui, grâce à apiKa Manager, pourra gérer les iPad connectés, leur envoyer des médias, les séparer en groupes, et récupérera le résultat de la session de travail sur son Mac.

Cette rupture du flux traditionnel d’apprentissage continue avec iTunes U. Cette application gratuite permet de diffuser cours et ressources à sa classe, et même de partager son travail avec le monde entier. Et comme ils sont à disposition de n’importe où (PC, Mac, iDevices), il est facile pour les élèves d’apprendre de chez eux. Le cours devient alors l’occasion de partager et mettre en pratique ce qu’on a appris, plutôt qu’une communication descendante entre le professeur et les élèves.

Solution idéale, donc ?
Sans vouloir noircir le tableau…
…quelques nuances s’imposent.
À commencer par le coût de cette solution. Le système d’entrée de gamme comprend 16 iPad, un Mac, une mallette de charge et de synchronisation, une borne Wi-Fi et un projecteur interactif (moins onéreux qu’un tableau interactif), pour un peu moins de 15 000 €.
Il faut aussi composer avec les gênes inhérentes aux vidéoprojecteurs : bruit continu des ventilateurs, reflet de la lumière sur le tableau (phénomène du « point chaud »), luminosité parfois faible en fonction de l’environnement… Plusieurs retours indiquent aussi une mauvaise lisibilité du tableau à une certaine distance, problème récurrent qui ne se résoud qu’en… se procurant un tableau plus grand.
L’arrivée progressive des écrans interactifs est en passe de répondre à une grande partie de ces objections. SMART a déjà des modèles de 80 pouces, mais à destination des entreprises. Restent deux points irréductibles, à commencer par la nécessité - coûteuse - de former le personnel enseignant. La demande de concentration et la fatigue visuelle, inhérentes à tous les écrans, sont d’autres effets qui peuvent se manifester auprès des élèves et des enseignants lors d’une utilisation prolongée du système.
Pour autant, l’alternance inédite entre travail individuel et collaboration entre les élèves semble payer : « une enseignante en Anglais nous confiait que sa classe avait atteint en trois mois le niveau qu’elle mettait auparavant un an à obtenir », souligne Marc Geoffroy. Un phénomène que l’arrivée de SMART Amp, dans un mois, devrait encore accentuer : ce logiciel permettra de travailler depuis n’importe quel ordinateur connecté à internet, sur un service dans le nuage. De quoi faire de la bicyclette pour l’esprit un avion à réaction ? L’avenir nous le dira…