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Pourquoi Google a acheté Nest 3,2 milliards de dollars

Christophe Laporte

mardi 14 janvier 2014 à 12:30 • 36

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L’annonce de l’acquisition de Nest par Google a fait l’effet d’une bombe hier, surtout au vu du montant de la transaction : 3,2 milliards de dollars. La seule fois où le géant de l’internet a dépensé plus d’argent, c’était pour Motorola en 2011 (12,5 milliards), un acteur historique dans son domaine, ce que Nest n'est pas. Mais c’est par exemple plus que pour DoubleClick (3,1 milliards de dollars, publicité en ligne), YouTube (1,6 milliard de dollars) ou AdMob (750 millions de dollars, publicité aussi), trois acquisitions fondamentales dans la stratégie actuelle de Google.

Twitter / dcurtis : The Nest thermostat is in about ...

Le père de l’iPod débarque chez Google

Il n’y a pas que le prix qui fait jaser. Si cette acquisition ne passe pas inaperçue, c’est parce que Nest est une société cofondée et dirigée par Tony Fadell que beaucoup présentent comme le père de l’iPod. On se souvient d’ailleurs, pour la petite histoire, de la promesse de Tony Fadell faite à Steve Jobs lorsqu'il quitta définitivement Apple en 2010. Il avait juré qu’il n’irait pas chez la concurrence. L’homme a tenu promesse, puisqu’après une année sabbatique, il fonda Nest et son thermostat révolutionnaire.

De l’extérieur, le timing de cette annonce est assez surprenant. Ces dernières semaines, Nest était proche de boucler une levée de fonds de 150 millions de dollars. Un apport qui aurait valorisé la société à un peu plus de 2 milliards de dollars. Mais il y a eu cette offre de Google qui ne se refuse pas. D’après Re/Code, seule la firme de Mountain View a fait une offre. Il n’y avait manifestement pas une volonté de Nest de se vendre à tout prix et au plus offrant.

L’intérêt de Google pour Nest ne date pas d’hier. Google Ventures, le fonds d'investissement créé par Google en 2009, avait déjà misé dans Nest en 2011. Auparavant, Sergey Brin, cofondateur de Google, avait été l’un des premiers à avoir le droit à une démonstration de ce thermostat connecté. Depuis, les dirigeants de Google ont toujours suivi de près le développement de la start-up fondée par Fadell et son bras droit Matt Rogers, un ancien également de l’équipe iPod (lire aussi Après le thermostat, Nest veut réinventer les détecteurs de fumée).

Dans un entretien accordé à Re/Code, Tony Fadell affirme avoir commencé à discuter d’un rapprochement avec Google l’été dernier, mais les choses se seraient accélérées en novembre. Fadell assure que cette opération n'a pas un objectif purement financier.

L’accord semble en tout cas très favorable à Nest qui continuera à opérer sous sa marque, qui ne sera pas engloutie par le géant de l’internet. La start-up travaillera dans son coin, en partenariat avec Google. Tony Fadell déclare : « Une start-up a deux choix : soit de rester indépendante, soit de rejoindre quelqu’un. Avec cela [l’acquisition de Google], nous avons le meilleur des deux mondes ». À l’entendre, l’objectif de Google, c’est que Tony Fadell et son équipe réalisent leur vision, qui consiste à créer une « maison consciente ». Pour y parvenir, Nest a besoin de fonds et peut s’appuyer là sur un partenaire disposant d’une infrastructure sans pareil.

De gauche à droite : Matt Rogers, Larry Page et Tony Fadell
De gauche à droite : Matt Rogers, Larry Page et Tony Fadell

Comment Google prépare l’avenir

Pour Google, cet investissement est loin d’être anodin, il s’agit là pour le géant de l’internet de préparer la prochaine étape de son développement : celui des objets connectés qui, dans l’idéal, seront contrôlés par son infrastructure. Ce sont aussi les brevets de Nest qui tombent dans l'escarcelle de son acquéreur. Google n’en est pas à son premier coup d’essai. Lors de la Google I/O en 2011, le groupe avait présenté son initiative Android@Home. L'idée était déjà de pouvoir intégrer le plus possible le système de Google dans la maison du futur. Parmi les exemples présentés à l’époque : le réglage de la luminosité d'une pièce à l'aide d'une ampoule compatible Android.

L’ampoule n’a jamais vu le jour, mais la vision était déjà là et elle n’est pas si éloignée de celle de Nest. Et Google ne l’a jamais perdue de vue. Depuis quelques mois déjà, Google multiplie les projets matériels (Nexus Q, Chromecast…). Mais le géant de l’internet s’est sans doute rendu compte qu’il lui manquait un certain savoir-faire pour concevoir des produits à la hauteur d’Apple en ce qui concerne l’intégration matérielle. Nest est l’une des rares sociétés qui excelle à la fois dans le logiciel, le matériel et le service.

Quoi de plus naturel alors que de mettre la main sur l'un des pères de l’iPod et son équipe qui travaillent actuellement aux objets qui seront incontournables demain ? Plus que jamais, pour que l’opération soit rentable pour Google, il faut impérativement que Nest continue d’être Nest et que l’on n’assiste pas, comme c’est souvent le cas, à un exode de l’équipe dirigeante, une fois la transaction finalisée. Google l’a compris et ce n’est pas pour rien qu’elle laisse carte blanche ou presque à sa nouvelle acquisition. Reste à Tony Fadell de montrer une nouvelle fois qu’il est un homme de parole.

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