Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, peut être fier de son coup. Tout le monde depuis hier soir (ou presque) ne parle que de ses fameux Drones qui vont déferler sur l’Amérique pour servir les clients d’Amazon en moins de trente minutes (lire : Amazon Prime Air : livraison en 30 minutes par des drones).
Pour ceux qui sont passés à côté de cette annonce, Amazon travaille à ce que des Drones soient en mesure de livrer en moins de 30 minutes des colis pesant au maximum 2,4 kilogrammes. Cela représente 86 % des commandes du géant du commerce en ligne. Les Drones pourraient opérer dans un rayon de 16 kilomètres, ce qui peut être très intéressant dans un milieu urbain.
Une annonce savamment orchestrée
Si le projet Prime Air en lui-même est très intéressant, le timing de son annonce l’est tout autant. Ce fameux spot où l’on voit un Drone livrer une commande a été diffusé dimanche aux États-Unis à une heure de grande écoute. Amazon a donné l’exclusivité de « son invention » à l’émission 60 minutes qui était consacrée à Jeff Bezos.
Cette annonce a engendré une couverture médiatique très importante pour Amazon à un moment clé de l’année pour n’importe quel acteur dans l’e-commerce. Elle a eu lieu entre le fameux « Black Friday » et le « Cyber Monday », période de surcroît où l’actualité notamment dans le domaine de la high-tech, est particulièrement calme.
En faisant « rêver » des millions d’internautes, Amazon a attiré des millions de consommateurs potentiels vers ses étals durant l’une des journées les plus importantes de l’année pour n’importe quel marchand en ligne. Lors de l’émission, Jeff Bezos affirmait qu’il s’attendait à enregistrer plus de 300 commandes à la seconde !
La force de la stratégie d’Amazon, c’est que cela ne lui a pas coûté un centime. Pour Business Insider, Amazon s’est payé une campagne qui lui aurait sans doute coûté plusieurs millions de dollars. Apple excelle dans cet exercice. Lors de sa présentation de l’iPad, la firme de Cupertino était parvenue à créer un emballement médiatique tel que Steve Jobs et sa tablette s’étaient retrouvés le lendemain à la une de tous les journaux du monde entier.
Prime Air : pas le projet le plus fou de Jeff Bezos
Pour Amazon, c’est également un moyen très intéressant de travailler son image de marque, parfois égratignée pour ses conditions de travail. En présentant un projet futuriste, Amazon se présente davantage comme une société de technologies qu’un vulgaire pousseur de cartons. Il faut reconnaître à la firme de Jeff Bezos qu’elle ne s’est jamais cantonnée à ce rôle-là. Que ce soit avec le Kindle ou S3 (son service d’hébergement de fichiers), Amazon n’a jamais cessé de se réinventer. Et forcément, même si de nombreux services de livraison par drones ont déjà été annoncés par le passé, quand une telle annonce vient d’un acteur de la trempe d’Amazon, on la prend au sérieux.
Après l’emballement, place aux doutes concernant le projet Prime Air. Si Amazon jure sur son site que l’administration de l’aviation civile aux États-Unis (FAA) aura un cadre réglementaire dès 2015 et espère le démarrage de son service dans 3/4 ans, le Wall Street Journal ne partage pas le même optimisme. Le WSJ n’attend rien avant 2020. Après c’est peut-être une manière aussi pour Amazon de mettre la pression sur le régulateur.
D’autres, plus pessimistes estiment carrément que ce service ne verra jamais le jour. Les Drones posent notamment de gros problèmes de sécurité, du fait notamment qu’ils n’apparaissent pas sur les radars. Mais pour quelqu’un comme Jeff Bezos, qui rêvait jeune de sauver l'humanité en créant des colonies permanentes dans des stations spatiales orbitales tout en transformant la planète en énorme réserve naturelle, cela n’a rien d’insurmontable !