Les propositions de Google qui visent à régler des pratiques anticoncurrentielles en Europe ne sont plus secrètes. Bruxelles, Google et ses concurrents, qui sont à l'origine de l'enquête antitrust, mènent depuis le début leurs tractations en coulisses. Le Financial Times a publié hier l'intégralité du document rendu par Google à la Commission européenne [PDF].
En avril, Google avait présenté une première série de propositions destinée à stopper des dispositifs anticoncurrentiels dans les secteurs de la recherche et de la publicité. Joaquín Almunia, le commissaire à la Concurrence, avait jugé ces initiatives insuffisantes.
Cinq mois plus tard, nouvelles propositions de Google, avec cette fois un Joaquín Almunia plus réceptif qualifiant les propositions d'« améliorations significatives ». Le commissaire expliquait surtout qu'il voulait régler au plus vite cette affaire qui traîne depuis trois ans.
Une tâche qui ne sera pas aisée. Les concurrents de Google, dont Microsoft fait partie dans le cadre du groupement ICOMP, tempêtent toujours autant contre les nouvelles mesures. L'une des propositions phares est l'ajout de lien vers des concurrents de Mountain View sous le bloc d'un service de ses services maisons. Par exemple, si Google affiche un bloc Google Shopping dans les résultats, il doit placer des liens renvoyant vers Kelkoo et Shopzilla. Un deal intéressant a priori, sauf que ces liens sont payants, ce qui ne passe pas auprès des concurrents. Ils voient là un nouveau moyen pour l'entreprise de s'enrichir et de placer les résultats de recherche naturels (ceux qui ne sont pas de la pub) encore plus bas dans sa page.
Google pourrait la jouer fine et rediriger ses résultats de recherche nationaux (google.fr) vers son domaine américain (google.com/fr) pour éviter la série de mesures, estiment ses adversaires qui s'attendent à tout. Le moteur de recherche propose par ailleurs de payer le salaire de la personne qui sera chargée de surveiller l'application des mesures.
La personne anonyme qui a transmis le document confidentiel au Financial Times juge que le processus de consultation est précipité et inique. Joaquín Almunia voudrait clore cette affaire avant que son mandat se termine et sans être gêné par la presse, a-t-elle indiqué. Au vu de ses déclarations, la fuite des propositions de Google était donc totalement intéressée et devait faire réagir les médias pour faire pencher la balance des négociations. C'est réussi pour le premier point.