Le département américain de la Justice (DoJ) persiste et signe : reconnu coupable d’abus de position dominante sur le marché de la publicité en ligne, « Google doit se séparer du navigateur Chrome », et laisser les clés « de la principale porte d’entrée vers son moteur de recherche ». La cession d’Android n’est plus sur la table, mais le régulateur entend imposer une série de mesures pour empêcher Google de favoriser ses propres produits au détriment de la concurrence.

Le changement de majorité (et le don généreux de Google au fonds d’investiture du nouveau président) n’aura donc pas suffi. Une fois n’est pas coutume, l’administration de Donald Trump s’inscrit dans les pas de celle de Joe Biden en reprenant toutes ses conclusions. « La conduite illégale de Google a créé un goliath économique », explique le DoJ, « qui fait des ravages sur le marché pour s’assurer que quoi qu’il arrive, Google sorte toujours gagnant ».
S’il est un principe américain qui a survécu à toutes les alternances, c’est celui qui régit les grandes entreprises, dont le pouvoir les oblige plus qu’il les libère. Faute d’avoir elle-même organisé les conditions d’une concurrence, aussi modestes soient-elles, Google va devoir avaler les « remèdes » proposés par le régulateur, une potion aux effets nettement plus radicaux. La vente de Chrome n’est qu’une première étape.
Google ne pourra plus concevoir de navigateur pendant un certain temps et, surtout, ne pourra pas renouveler son accord de placement préférentiel dans Safari. S’il a abandonné l’idée d’une cession d’Android, le DoJ recommande que la justice prenne une série de mesures pour desserrer l’étau de Google sur son système d’exploitation mobile. Le moteur de recherche et les outils d’intelligence artificielle générative ne pourraient plus être imposés aux fabricants.
Le DoJ ne veut plus limiter les investissements de Google dans le secteur de l’intelligence artificielle, mais entend garder un droit de regard sur les acquisitions de l’entreprise dans le domaine. Google, qui avait dénoncé « un programme interventionniste radical » en novembre dernier, n’a pas changé de pied. La firme de Mountain View compte faire appel de toute décision et ne veut rien entendre d’une cession de Chrome.