Donald Trump, annonçant 24h après les avoir promulguées la mise en pause des taxes concernant tout un panel de produits dont l’électronique, laissait augurer de fortes pressions de la part des entreprises de la tech. Selon le Washington Post, c’est encore plus simple : Tim Cook lui-même a fait un lobbying conséquent pour éviter qu’Apple prenne les taxes de plein fouet.

Au vu des résultats, il ne fait aucun doute que Tim Cook a réussi son coup : les produits de Cupertino sont exempts jusqu’à nouvel ordre des taxes de 145 % touchant la Chine, et il est plus que probable qu’il ait son mot à dire dans le texte final. Pourtant, le patron d’Apple avait un adversaire de taille, en la personne de Pete Navarro, rien de moins que le conseiller économique de la Maison Blanche.
Wilbur Ross, ancien Secrétaire au Commerce sous la première présidence Trump, a cependant remarqué que Tim Cook était très apprécié du 47ème président des États-Unis d’Amérique :
Tim a de très bonnes relations avec le président. Il a joué un rôle important et très délicat dans les récentes décisions, son entreprise ayant une grande dépendance à la fois envers la Chine et les USA. [...] En général, il est très respecté parce qu’il n’est pas du genre à se plaindre en public, il n’est pas geignard, mais au contraire fait montre d’un grand pragmatisme. Ce n’est pas une surprise pour moi de voir ses suggestions écoutées avec attention.
Ce témoignage, qui vient confirmer les déclarations du président des USA lui-même quand il a affirmé avoir voulu « aider Tim Cook », montre le poids du patron d’Apple par rapport à ses camarades. La liste des dirigeants ayant demandé une rencontre avec Donald Trump ces derniers jours est relativement complète, allant de Nvidia à Google.
Un porte-parole de la Maison Blanche a rappelé que ces exemptions (terme auquel Donald Trump semble avoir une allergie particulière, considérant que les concessions qu’il a faites au fil de son précédent mandat ont affaibli la portée de ses réformes) n’en étaient pas, et que les appareils électroniques, tout comme le reste des produits importés aux USA, se verront apposer une taxe par la suite. Celle-ci sera cependant discutée avec les grandes entreprises du secteur, que ce soit Apple, Nvidia ou encore TSMC, et sera directement liée à la motivation du secteur à implanter des usines sur le sol US.
Quoi qu’il en soit, Tim Cook semble être dans les petits papiers de Donald Trump, et le patron d’Apple sait manier la forme et le fond pour se faire entendre du président des USA. Selon Marc Andreessen, investisseur proche de Donald Trump, le président des États-Unis apprécie particulièrement que Tim Cook vienne lui faire part de ses remarques directement, sans utiliser d’intermédiaires, au contraire des autres dirigeants de la Silicon Valley.
Et cette préférence ne date pas d’hier : déjà durant le premier mandat de Donald Trump, c’est lors d’un dîner seul à seul avec le patron de Cupertino que les taxes sur la Chine (oui, à l’époque aussi) avaient été évitées.
Les autres patrons ont bien remarqué que l’approche de Tim Cook était payante, et ont appliqué depuis la formule : Mark Zuckerberg et Jeff Bezos ont eux aussi demandé audience lors de dîners privés à Mar-a-Lago, rompant avec le côté formel des relations précédentes. Mais Tim Cook garde la préférence du chef d’État, comme le note l’économiste Joseph Politano : alors qu’il a taxé pour plus de 2000 milliards de dollars de produits impossibles à produire aux USA depuis le début de son mandat, Donald Trump n’a reculé qu’à la demande d’Apple. Encore mieux, la quasi totalité des exemptions décidées touchent directement les affaires de la pomme, comme le remarque Lori Wallach, directeur de Rethink Trade :
Quand vous regardez les sept catégories ajoutées le 2 avril à la liste des exemptions, vous remarquez qu’elles touchent toutes à des produits qu’Apple fabrique. Très peu d’autres entreprises peuvent en dire autant.
Si Tim Cook a gagné la première bataille, il va sans dire qu’il ne s’endort sûrement pas sur ses lauriers : la guerre commerciale engagée par Donald Trump est loin d’être terminée, et il devra encore mener bien des assauts au front pour faire en sorte qu’Apple soit autant que possible épargnée par les coups.