Le Sénat des États-Unis a confirmé la nomination de Gail Slater à la tête de la division antitrust du département américain de la Justice (DoJ). Une fois n’est pas coutume, cette proche du vice-président JD Vance a reçu un soutien bipartisan, preuve de la solidité de son expérience autant que du consensus sur la nécessité de réguler Apple, Google, Meta, Amazon et les autres géants de la Silicon Valley.

Avant d’être l’assistante parlementaire chargée des questions économiques de celui qui n’était encore que le sénateur JD Vance, Gail Slater a travaillé pendant dix ans à la FTC, dont quelques années pendant la présidence de Barack Obama. Après un passage dans le privé, notamment chez Roku où elle militait pour le renforcement de la législation contre les monopoles, Slater a travaillé au Conseil national économique pendant le premier mandat de Donald Trump et conseillé l’équipe du candidat républicain pendant la dernière campagne présidentielle.
Bien qu’elle se décrive comme « une grande amie de Donald Trump », Slater a ménagé la chèvre et le chou pendant son audition au Sénat. Interrogée par le sénateur républicain Mike Lee, elle a concédé que certaines poursuites judiciaires pourraient être abandonnées pour faire des économies, mais en répondant à la sénatrice démocrate Amy Klobuchar, elle a rejeté l’idée que des enquêtes puissent être motivées à des fins partisanes.
Le fait est que la politique américaine en matière d’antitrust fait consensus. JD Vance avait applaudi le travail de Lina Khan, la présidente de la FTC nommée par Joe Biden, qui avait reformé les règles encadrant les fusions-acquisitions avec l’aide de Jonathan Kanter, dont Slater prendra la suite au DoJ. Sans être associée au mouvement des néo-brandeisiens, qui a gagné en influence sous la présidence de Joe Biden, la nouvelle patronne de l’antitrust partage une partie de ses thèses.
Gail Slater devrait donc poursuivre une politique farouchement opposée à la centralisation excessive du pouvoir des acteurs privés. Après sa victoire judiciaire contre Google, la première depuis quarante ans, le DoJ réclame la vente de Chrome et un droit de regard sur Android. Slater récupérera aussi les enquêtes en cours sur Apple et Amazon, ainsi que les poursuites contre Meta.