Les jours rallongent (un peu), la température baisse (beaucoup), et pour une fois depuis le retour puis la disparition de Steve Jobs, Apple semble ramer (sérieusement). Heureusement, c’est dimanche... et donc le moment de faire le point avec Mark Gurman.
Dancing on a high wire
Si deux technologies semblent mener les débats en ce moment, c’est bien l’intelligence artificielle et, même si les produits finis et vraiment utilisables au quotidien sont un peu plus lointain, les lunettes à réalité augmentée. Et dans les deux cas, Apple semble... aux fraises.
Le temps file à une vitesse folle, et preuve en est l’âge d’OpenAI : la société va fêter ses dix ans cette année. Et si sa technologie paraissait insignifiante au début (autant que ses fonds propres, avec un petit 32 millions de dollars de budget de fonctionnement en 2017), elle a montré son importance au fil du temps, au point d’être maintenant sur toutes les lèvres et d’avoir généré un marché tellement profitable que plusieurs concurrents, et non des moindres comme Google ou la Chine sont venus prendre leur part du gâteau.
Et Apple dans tout ça ? Si la société s’y est mis tard, d’aucuns pensaient que l’entreprise de Cupertino allait mettre les bouchées doubles et vite rattraper son retard. Mais plus d’un an après l’annonce officielle, force est de constater qu’Apple Intelligence est loin, très loin de ses concurrents : la pomme joue avec les Genmojis (très beaux au demeurant) quand OpenAI génère des vidéos, Siri est toujours aussi limité qu’il y a cinq ans (voire plus) et répond à côté de la plaque trop souvent, et la fonction de résumé des notifications est... plus qu’aléatoire.
May be a price to pay
Dans la foulée, le « next big thing » niveau matériel promet d’être les lunettes à réalité augmentée. Meta s’y est mis depuis plusieurs années, et si son partenariat avec Ray-Ban pouvait prêter à sourire au début, il semble qu’elle a trouvé son chemin, avec des nouvelles versions toujours plus fines et équipées, et un projet d’avenir : Orion.
Du côté de Cupertino, les choses semblent bien plus compliquées. La société a tenté un premier jet avec le Vision Pro, qui est autrement plus complexe et avancé que les Meta Smart Glasses, mais aussi beaucoup plus cher, et dont l’usage au quotidien paraît moins logique. Si les possibilités sont sur le papier extraordinaires, la réalité (non augmentée celle-là) semble ne pas coller parfaitement avec cet objet, au point que les acheteurs ayant mis 4 000 € dans l’appareil sont peux nombreux à l’utiliser quotidiennement. À côté, les Ray-Ban Meta sont certes beaucoup moins ambitieuses, avec de simples fonctions de vidéo et d’appels, mais le prix de 329 € semble dérisoire face au Vision Pro, et il est bien plus facile de sauter le pas et d’essayer ces binocles, quand 4 000 € refroidissent fortement les ardeurs.
Le souci est d’autant plus important qu’au contraire de Meta et son projet Orion, Apple semble hésiter à se lancer dans la suite : après le Vision Pro, elle aurait bien voulu directement sortir des lunettes à réalité augmentée autonomes, mais la technologie n’est pas prête. Dans l’état actuel des choses, il faudra au minimum quatre à cinq années avant d’avoir quelque chose d’utilisable et concret entre les mains, si ce n’est plus. Et dans son habituelle volonté de ne sortir un produit qu’une fois l’expérience utilisateur parfaite (ou autant que faire se peut), Apple paraît s’interdire de sortir un produit intermédiaire : la possibilité de sortir une paire de lunettes connectées au Mac a apparemment pris la direction du placard, et l’entreprise apparaît vouloir continuer sur différentes itérations du Vision Pro plutôt que de lancer un concurrent au projet de Meta.
The turn of a friendly card
Cependant, tout n’est pas perdu pour Apple. Si l’entreprise semble bloquer sur ces nouveaux projets, les produits actuels se portent bien, très bien : le Mac mini M4 est un carton, l’iPad Air semble avoir trouvé un public à l’écoute, et les différents projets certes moins ambitieux mais aboutis de détecteur d’apnée du sommeil ou d’aide auditive ont fait mouche chez les utilisateurs.
Mais il est temps de trouver la solution aux produits au long cours, parce que les concurrents n’attendront pas. Et si Apple a trouvé jusqu’à présents à chaque décennie le hit nécessaire à une croissance incroyable avec l’iPod, l’iPhone, l’iPad puis l’Apple Watch, il serait dommage voire dangereux de rater la prochaine poule aux œufs d’or, sous peine de ternir fortement l’image de la marque. Si les choses se voient à l’extérieur pour qui suit un peu la société, à l’intérieur ce n’est semble-t-il pas plus rose, avec des employés ayant renommé le département AIML (Apple and Machine Learning Division) en... AIMLess (sans but). Quoiqu’il en soit, les années à venir seront décisives pour le futur de l’entreprise.
Beaujolais
Si l’avenir semble compliqué, ça n’empêche pas Apple d’avoir l’esprit festif. La pomme devrait ainsi sortir une nouvelle version de son calendrier connecté et avancé, amené à remplacer l’app actuelle sur l’iPhone et dans les Mac. Son petit nom en interne ? Confetti. Une petite blague de Hair Force One, aux origines italiennes impossibles à cacher ?
Quoiqu’il en soit, l’app serait donc amenée à évoluer fortement, avec une nouvelle façon de prendre des rendez-vous, d’organiser des meetings ou d’inviter des amis ou collègues, d’où le côté « festif » du nom de code. À voir ce que ça donnera au moment du lancement, qui devrait intervenir dans la semaine à venir selon Gurman.
Day after day (The show must go on)
Si les temps semblent troublés, et l’allumette prête à être craquée, il n’y a cependant pas encore le feu à la boutique : Apple a encore de (très) grosses ressources, et pourrait encore et toujours nous surprendre. Reste qu’il ne faut pas dormir beaucoup plus longtemps, et arrêter d’hésiter : les autres n’auront pas la correction d’attendre que la start-up devenue mastodonte se mette en marche, et prendront toutes les opportunités sur la table pour bloquer la pomme. En attendant, passez une bonne semaine !
- Dis Siri, mets-moi The Alan Parsons Project.
- Désolé, Greg, seul le Dr Denfer a le contrôle du laser lunaire.
- J’ai plus les mots...