Apple a depuis bien longtemps décidé de mettre en avant son respect de la vie privée dans tous les détails de ses appareils et de ses services, et continue à le faire avec l’intelligence artificielle, promettant qu’aucune donnée privée n’est envoyée sans votre consentement, et si c’était une nécessité, celles-ci seraient envoyées de manière anonyme. Cependant, des actionnaires réunis au sein du NLPC (National Legal and Policy Center) s’inquiètent des liens entre Apple et certains partenaires, et se demandent si les données utilisées par Apple pour entraîner son IA sont bien obtenues de manière éthique, comme rapporté par 9to5Mac.
Ce n’est un secret pour personne, malgré leur opposition sur le marché des smartphones, Apple et Google sont des partenaires de longue date. Au point que le premier reçoit une coquette somme (plus de 20 milliards de dollars) tous les ans de la part du second pour mettre en priorité Google en moteur de recherche sur les iPhone.
Le hic, c’est que ce même Google, tout comme bien d’autres sociétés accumulant des masses considérables de données pouvant servir à entraîner une IA comme Apple Intelligence, ne sont pas très regardants sur la façon dont elles sont obtenues. Que ce soit OpenAI, Google, ou encore Meta, aucun n’est connu pour être très à cheval sur la protection de la vie privée.
Et c’est le souci que relève le NLPC : ces entreprises sont pour la plupart visées par des procès en cours concernant l’agrégation de données, ces mêmes données qui pourraient (sont ?) être utilisées par Apple pour entraîner son IA, moyennant rétribution. Si Apple n’est pas directement responsable de la façon dont sont récupérées ces données, la finalité reste la même, et Cupertino a déjà été pris dans la main dans le pot de confiture dans ce genre de pratiques. Le NLPC ne fait d’ailleurs pas de mystères sur ses inquiétudes :
L’entreprise se présente comme respectueuse de la vie privée — avec succès — mais la manne potentielle représentée par sa gigantesque base d’utilisateurs est trop grande pour passer à côté, alors Apple sous-traite ses procédés peu éthiques à d’autres sociétés. Par exemple, l’entreprise a un partenariat de longue date avec Alphabet — l’un des plus gros concurrents d’Apple — pour faire de Google le moteur de recherche par défaut sur les appareils Apple. Le contrat est estimé à 25 milliards de dollars pour Apple, ce qui représente 20 % de ses profits avant taxes. Non seulement ce partenariat pose des questions sur le plan antitrust, mais permet aussi à Alphabet d’avoir l’opportunité de collecter une masse conséquente de données sur les utilisateurs Apple. Alphabet est connue pour une grande variété de violations de l’éthique et de la vie privée. En fin de compte, Apple a sous-traité ses activités douteuses à Alphabet, tout en collectant des sommes considérables dans l’affaire. C’est le même schéma qu’Apple tente de reproduire avec l’IA. En plus de son partenariat avec OpenAI, Apple a exploré les possibilités d’un partenariat avec Meta, un autre violeur en série de la vie privée.
Si le NLPC ne mâche pas ses mots, et a déposé la question des sources des données servant à entraîner Apple Intelligence pour la prochaine assemblée des actionnaires d’Apple, il y a cependant peu de chances pour que cette question soit validée. Apple a en effet souvent fait pression sur les actionnaires, avec succès jusqu’à présent, pour ne pas voir passer dans la liste des questions du jour des interrogations qui pourraient la mettre en situation délicate.