L'arrivée d'Apple Intelligence en Chine s'avère un dossier épineux qui sera probablement au menu du troisième déplacement de Tim Cook dans ce pays. La Chine est un marché plus compliqué que les autres pour cette catégorie de technologie, car il s'y ajoute la censure des contenus.
Le moyen le plus rapide pour obtenir l'agrément des autorités chinoises au lancement d'Apple Intelligence est de nouer un partenariat avec des acteurs locaux, déjà dûment autorisés par le gouvernement, a expliqué au Financial Times un haut responsable de la division du cyberespace.
En clair, si Apple veut utiliser OpenAI comme elle le fait aux États-Unis et comme elle le fera en Europe, le chemin vers la Chine risque d'être très long et surtout incertain. La Pomme ne peut se permettre d'épiloguer trop longtemps alors que ses concurrents chinois proposent déjà des services équivalents sur leurs téléphones.
Ces derniers mois, Apple aurait discuté avec des entreprises chinoises spécialisées dans l'IA et soupesé l'idée de créer son propre modèle de langage. Quelle que soit l'option retenue, la Chine est un terrain rocailleux avec l'obsession paranoïaque du pouvoir à contrôler toute forme d'information. Les réponses produites par les IA sont devenues un nouveau domaine à surveiller et censurer.
Cet été, le Financial Times racontait comment le pouvoir chinois soumet les sociétés lancées dans l'IA à de longs audits sur les réponses retournées par leurs robots. De nouvelles directives stipulent que ces modèles de langage doivent être alignés avec « les valeurs fondamentales du socialisme » et être capables de filtrer des milliers de mots clefs susceptibles « d'inciter à la subversion du pouvoir de l'État » ou de « porter atteinte à l'unité nationale ». Ces listes de mots interdits peuvent être actualisées chaque semaine.
Des questions sur un sujet ultrasensible comme le massacre de la place Tian'anmen ou plus légères comme la vieille blague sur la ressemblance du président Xi Jinping avec le personnage de Winnie l'ourson allument pareillement des feux rouges.
Lors d'un essai avec un chabot chinois, le quotidien économique avait obtenu des réponses décrivant la politique répressive de Xi Jinping, avant de voir le texte s'effacer et être remplacé par un mot d'excuse du robot. Un second niveau de protection avait été prévu pour analyser et censurer en temps réel une réponse politiquement incorrecte passée entre les mailles du filet.
Les contenus politiques sont étroitement filtrés, mais il doit être néanmoins possible aux internautes chinois d'aborder cette thématique. Car c'est aussi par ce biais que le pouvoir peut disséminer des informations flatteuses à son endroit.
Si la Pomme veut avoir Apple Intelligence sur ses iPhone, il paraît difficile qu'elle le fasse sans en passer par cette censure permanente et dynamique. L'IA d'Apple participerait alors activement, elle aussi, à ce contrôle serré de l'information.