C'est un commentaire de Tim Cook qui coute cher à Apple : 490 millions de dollars. Il s'agit du montant sur lequel se sont accordés Apple et des plaignants dans une action de groupe lancée en juin dernier.
L'origine de cette action en justice initiée par un fonds de pension britannique remonte au 1er novembre 2018. Dans la séance de questions/réponses avec les analystes à l'issue de la présentation des résultats financiers d'Apple, Tim Cook commente la situation difficile observée dans plusieurs pays émergents.
Apple y a constaté une pression croissante sur les ventes, en particulier dans un groupe comprenant la Turquie, l'Inde, le Brésil et la Russie. Ces pays ont subi une dévaluation de leur devise qui n'a pas fait les affaires d'Apple. Tim Cook, qu'on a interrogé aussi sur la Chine, déclare qu'il ne considère pas que ce marché « entre dans cette catégorie. Il souligne que le dernier trimestre a été très solide en Chine avec une croissance à deux chiffres.
Changement de ton deux mois plus tard. Le 2 janvier, Apple publie une lettre pour les investisseurs dans laquelle Tim Cook lance un avertissement sur les résultats qui seront dévoilés à la fin du mois. La situation chinoise n'est plus aussi florissante, Apple avoue avoir manqué de flair et n'a pas anticipé l'amplitude de la décélération de la demande sur ce qui est son second marché derrière les États-Unis. La Chine est même responsable à elle seule du revers observé dans les résultats à venir.
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C'est la douche écossaise pour les investisseurs. Dans sa plainte, où Tim Cook est accusé d'avoir escroqué les actionnaires, le fonds anglais Norfolk Pension Fund constate que la capitalisation boursière d'Apple a fondu de 74 milliards de dollars ce jour-là.
Apple a tenté de faire annuler la plainte en arguant que Tim Cook ne se prononçait pas sur la situation à venir en Chine lorsqu'il faisait l'éloge des performances d'Apple dans ce pays lors du précédent trimestre.
La juge Yvonne Gonzalez Rogers n'en a pas fait la même interprétation. Les jurés, estimait-elle, pouvaient considérer que les propos du patron d'Apple décrivaient aussi une tendance prévisionnelle pour les ventes, pas seulement une analyse sur le passé. Toujours selon la juge, Apple était au fait de la détérioration de l'économie chinoise — on était en pleine bataille commerciale avec les États-Unis — et des statistiques qui décrivaient une demande en baisse chez les consommateurs. La requête d'Apple afin de classer l'affaire fut rejetée.
Apple a préféré transiger rapporte Reuters, et clore ce dossier par un accord plutôt que de continuer dans cette procédure. Le montant décidé pour ce règlement sera affecté aux investisseurs qui ont acheté des actions Apple entre le commentaire de Tim Cook en novembre et sa lettre de janvier.