« Nous sommes fiers d'être le principal client du site » déclarait hier Tim Cook, présent en Arizona, sur le chantier de la future usine de processeurs du taïwanais TSMC. Et d'ajouter que les puces qui sortiront à terme de ce complexe pourront être « fièrement marquées "Made in America" ».
De quoi satisfaire le président Biden, qui avait fait le déplacement lui aussi avec d'autres responsables d'entreprises américaines associées ou bénéficiaires du Chips and Science Act. Du nom de ce programme — 52 milliards de dollars d'aides fédérales — pour une industrie de microprocesseurs fabriqués sur le sol américain et d'autres initiatives dans la recherche et plus globalement l'indépendance technologique américaine.
« Aujourd'hui n'est que le commencement », a promis Cook : « Aujourd'hui, nous combinons l'expertise de TSMC avec l'ingéniosité inégalée des travailleurs américains. Nous investissons dans un avenir meilleur et plus fort, nous semons nos graines dans le désert de l'Arizona. Et chez Apple, nous sommes fiers de contribuer à sa croissance ».
Il s'agit pour l'administration américaine de sécuriser des approvisionnements en puces, alors que la menace d'une invasion de Taiwan par la Chine est constamment d'actualité et que le monde a connu d'intenses problèmes de logistique et de livraisons causés par la pandémie.
Nvidia devrait être le second plus gros client de TSMC qui compte également fournir AMD entre autres entreprises gourmandes en semi-conducteurs.
Cette usine à 12 milliards de dollars fait partie d'un investissement finalement porté à 40 milliards pour la construction d'un second site de production prévu pour entrer en service en 2026. TSMC promet 13 000 emplois spécialisés, 4 500 chez lui et les autres chez ses fournisseurs. La visite du président américain et de dirigeants d'Apple, AMD, Nvidia, Micron ou encore Arm correspondait à la phase pendant laquelle TSMC est en train de recevoir et d'installer les premières machines destinées à la production.
La fabrication devrait démarrer en 2024, une fois cette première usine achevée et ses lignes de production qualifiées. Elle utilisera un procédé de gravure à 4 nm (les iPhone 14 et les derniers Mac portables sont sur des processeurs à 5 nm) et sa future voisine fera du 3 nm.
Le site ne fera pas que fournir des groupes d'électronique grand public il travaillera également pour les fournisseurs de l'industrie de la défense américaine.
Ces usines d'Arizona, une fois pleinement opérationnelles, devraient sortir autour de 60 000 galettes de silicium par mois au lieu de 20 000 comme projeté au départ. C'est un apport non négligeable — 720 000 wafers par an — mais encore modeste en comparaison des capacités des usines de TSMC à Taiwan, qui ont produit 12 millions de ces galettes en 2020.
Ces installations américaines de TSMC se tiendraient également un pas en retrait de leurs cousines taiwanaises. Celles-ci conserveraient leur avance technologique en défrichant les procédés de fabrication les plus récents, tandis que les américaines seraient sur les avant-dernières (N-1). Mark Liu le président de TSMC, y a fait allusion en déclarant que ces installations en Arizona produiraient les semiconducteurs aux techniques de fabrication les plus avancées du pays… et pas au monde.
Le président Biden a rappelé que les États-Unis pesaient autrefois pour plus 30 % de la production mondiale de semi-conducteurs contre un peu plus de 10 % aujourd'hui, après que les entreprises aient décidé de sous-traiter ces opérations à l'étranger :
Aujourd'hui, nous ne produisons qu'environ 10 % des puces au niveau mondial, bien que nous soyons en tête en matière de recherche et de conception de nouvelles technologies de puces. Mais où est-il écrit que l'Amérique ne peut plus diriger le monde dans le domaine de la fabrication ? Je ne sais pas où c'est écrit, et nous le prouvons.
TSMC n'est pas le seul à ouvrir des chantiers aux États-Unis. Intel qui y a déjà une présence historique a deux nouvelles usines en cours en Arizona et dans l'Ohio pour un montant total de 40 milliards de dollars, Samsung dépense 17 milliards de dollars au Texas pour la sienne et Micron a prévu un investissement de 100 milliards sur 20 ans — dont 20 milliards avant 2030 — dans la région de New York pour une "megafab".