Souvenez-vous : en septembre dernier, le vice-président des achats chez Apple Tony Blevins se faisait licencier pour avoir fait une blague stupide sur TikTok. Le Wall Street Journal a pu discuter avec l'ancien employé de Cupertino, qui a donné quelques détails sur les conditions de son départ. « Ils m'ont humilié et ont porté atteinte à ma réputation », déplore-t-il.
Alors qu'il se rendait à une rencontre d'amateurs de voitures de luxe organisée à Pebble Beach, Tony Blevins s'est fait accoster par le Tiktokeur Daniel Mac. Lorsque ce dernier lui a demandé ce qu'il faisait dans la vie, le vice-président des achats a répondu : « J'ai des voitures de luxe, je joue au golf et je caresse des femmes aux gros seins, mais je prends les week-ends et des vacances ». Une réponse qui peut sembler bizarre, mais qui est en fait une réplique du film Arthur sorti en 1981, avec Liza Minelli et Dudley Moore.
Tony Blevins explique avoir été rapidement contacté par un représentant d'Apple, lui demandant de supprimer la vidéo au plus vite face à plusieurs plaintes. Il précise être resté debout toute la nuit en essayant de joindre le vidéaste, sans obtenir de réponse. Apple lui a demandé de quitter l'entreprise, ce qu'il a refusé : il a par la suite été licencié.
Le vice-président des achats d'Apple n'était pas n'importe qui : il a passé plus de 20 ans dans l'entreprise à négocier avec les différents sous-traitants de Cupertino. Ses bonnes techniques ont permis à l'entreprise de faire des économies sur les composants et de conserver ses marges.
Tony Blevins, l'homme qui chasse les coûts chez les fournisseurs d'Apple
Au sein d'Apple, les réactions ont été divisées face à ce départ. Certains employés ont soutenu leur ancien collègue, affirmant que si celui-ci avait la blague facile, ils n'avaient jamais été témoins de paroles sexistes ou inappropriées. En face, d'autres ont rétorqué que ce licenciement était nécessaire vis-à-vis des valeurs de l'entreprise.
Chris Deaver, un ancien haut responsable des ressources humaines à Cupertino, a expliqué que l'entreprise prenait très au sérieux ce sujet, d'autant plus quand il s'agit de responsables ou de cadres. « Les dirigeants doivent incarner les principes d'Apple », estime-t-il.
« C'était 22 ans dissous en 25 secondes », a expliqué Tony Blevins au journal. « Cela m'a complètement choqué. Toute ma vie a été Apple. J'ai essayé d'être la personne la plus loyale possible », ajoute-t-il. S'il s'excuse à nouveau pour les personnes offensées par sa blague, il considère son licenciement comme une erreur.
Le départ s'est fait dans la douleur. Selon Blevins, un pot avait été prévu auquel une centaine de personnes ont été invitées, mais la fête a finalement été annulée quand les communications entre les deux entités ont commencé à s'échauffer. Il a déclaré qu'il n'avait pas reçu d'indemnités lors de son départ.
Ce départ n'arrange pas vraiment Cupertino. Après son licenciement, Blevins n'a pas été remplacé et son équipe a été réorganisée au sein de l'unité opérationnelle d'Apple. Tout ce changement se passe pendant que la fabrication d'iPhone est en flux tendus : des émeutes ont éclaté dans la principale usine d'iPhone en Chine, ce qui fait que les capacités de production ont drastiquement chuté.