Apple est le Voldemort de l'industrie des technologies, autrement dit « Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom » chez les fournisseurs et les sous-traitants. Ces derniers font preuve de beaucoup d'imagination pour ne surtout pas citer le nom de leur client au logo en forme de pomme croquée, comme le raconte cet article amusé du Wall Street Journal.
En Asie, les fournisseurs de qui-vous-savez font référence à « la compagnie fruitière », « Fuji » (la fameuse pomme), « l'entreprise aux 3 000 milliards de dollars » (la capitalisation boursière d'AAPL), « l'honorable client nord américain », « le Big A », « un certain client au-delà de nos frontières » ou encore (mon préféré) : « LO » pour « Lovely Opponent » utilisé de temps en temps en interne chez Samsung. Quand ils doivent parler de Samsung, les employés de cet « adorable concurrent » utilisent « Samsung », tout simplement.
La culture du secret n'est pas qu'une vue de l'esprit pour Apple. GT Advanced, qui devait produire du saphir synthétique pour l'iPhone, avait signé un contrat avec le constructeur qui stipulait que la moindre fuite provenant du fournisseur était passible d'une sanction de 50 millions de dollars. Non seulement il ne fallait divulguer aucun secret commercial — ce qui est normal —, mais la simple existence d'un partenariat ne devait pas être révélée.
L'histoire s'est finalement soldée par un tsunami de révélations et la faillite de GT Advanced. Plus généralement, il est connu que signer un contrat avec le « Big A » implique certes beaucoup d'activité pour le fournisseur, mais aussi pas mal de responsabilités.
Fournir Apple c'est comme signer « un pacte avec le diable »