On ne va pas en faire tout un plat, mais juste quelques lignes : le Power Macintosh 4400 fête en ce 7 novembre ses 25 ans. Si vous n'avez pas connu le Power Macintosh 4400, alors c'est bon signe : vous n'avez pas vécu les années les plus difficiles de l'histoire d'Apple.
Car en novembre 1996, tous les signaux étaient au rouge : Apple n'avait pas de système d'exploitation viable (elle venait d'abandonner le projet Copland et n'avait pas encore officiellement acheté NeXT), elle enchaînait les projets auxquels plus personne ne comprenait rien (comme Taligent et OpenDoc), sa gamme Power Mac faisait du surplace tandis que les Pentium d'Intel faisaient les malins, la gamme portable Newton n'allait nulle part, les vendeurs de clones de Macs étaient en train de tailler des croupières à Apple, et Windows 95 prenait ses aises dans les entreprises, les écoles et les maisons.
Le Power Macintosh 4400, dans tout ça, était l'ordinateur de la dernière chance pour une Apple qui venait de perdre plus de 800 millions de dollars sur son année fiscale. Une machine d'entrée de gamme, appliquant les recettes des PC bon marché, avec une alimentation standard au format ATX avec une ventilation très bruyante, une carte-mère Tanzania qu'Apple avait conçue pour les cloneurs, et un disque dur IDE plutôt que SCSI, dans un boîtier en métal peint plutôt qu'en plastique injecté. Des petites économies qui permettaient à cette machine de viser le marché des petites et moyennes entreprises, qui avaient besoin de modularité et d'économie, pas de design et de convivialité.
Résultat : une machine à 1500 dollars à son lancement (10.000 francs, car on ne parlait pas encore de 1500 euros), quand le reste de la gamme Power Macintosh s'étalait de 2500 à 3500 dollars - sans même parler du fameux Power Macintosh 9600 bi-processeur, qui dépassait les 4500 dollars ! En contrepartie, les choix d'Apple pesaient sur les performances de la machine. Privée de mémoire cache, équipée d'un petit processeur 603e à 160 puis 200 Mhz, et chichement dotée en mémoire vive, elle peinait à suivre le rythme d'un Mac OS en fin de vie.
Le Power Macintosh 4400 resta longtemps la dernière machine « low cost » développée spécifiquement pour tenter de grappiller des parts de marché à ses concurrents. En 1997, il passa à la trappe avec tout le reste de la gamme pour faire place nette au seul Power Macintosh G3, bientôt rejoint par l'iMac.
Clairement, ce Power Macintosh était dans l'esprit de Steve Jobs quand, d'après la légende rapportée par le film Jobs, au moment de prendre le contrôle du conseil d'administration d'Apple, il déclara « Nous allons inventer un nouveau Macintosh pour la maison, et un nouveau Macintosh pour l'entreprise. Nous allons inventer un nouveau système basé sur NextStep. La prochaine génération de Macintosh. Et nous allons tuer tous les autres projets. Cette entreprise ne produira plus jamais de merde ».
Plutôt que de proposer une machine sous-dimensionnée et donnant une mauvaise image de la marque, Apple eut ensuite recours à deux stratagèmes : concevoir un nouveau produit réutilisant des technologies largement amorties, ou conserver au catalogue un produit de la génération précédente. Dans la première catégorie, on trouve par exemple le eMac, survivance de Mac à écran cathodique quand l'iMac s'était converti au coûteux écran plat, ou les iPhone SE auxquels nous nous sommes maintenant habitués.