Malgré l’engagement et les efforts indéniables d’Apple en matière de diversité, la société ne semble pas favorable à ce que ses employés — et ses employées — discutent de leur statut au sein de l’entreprise, selon The Verge. Après que plusieurs sondages portant sur le salaire, le sexe, l’origine ethnique et la présence ou non d’un handicap ont été distribués aux employés via des outils internes, la firme a systématiquement réagi en demandant aux auteurs de ces enquêtes de les retirer.
Selon Apple, ces sondages visant à récolter des informations personnelles de la part de ses employés enfreignent certaines directives internes, et toute requête pour obtenir de telles informations devrait être adressée à l’équipe en charge du personnel, qui choisira ensuite de les partager… ou non. Une règle qui n’a aucune valeur légale, selon l’avocat en droit du travail Vincent P. White : « Apple ne peut pas empêcher ses employés de discuter de l’égalité salariale dans le contexte des groupes protégés1 ».
Autrement dit, si des employés souhaitent s’assurer qu’ils ont le même salaire que d’autres à poste égal et indépendamment de leur couleur de peau, de leur sexe ou de leur handicap, ils devraient pouvoir le faire librement. Face aux tentatives du géant de Cupertino de tuer ces initiatives dans l’œuf, certaines ne s’avouent pas vaincues : l’ingénieure Cher Scarlett a par exemple décidé de payer pour un compte Typeform (une plateforme de sondages et d’analyse de données) afin de continuer à interroger les employés d’Apple… hors d’Apple.
Two pay transparency surveys have been shut down in the past 6 months at Apple. I won't be intimidated. We have the right to collect this data amongst ourselves.
— Cher Scarlett (@cherthedev) August 7, 2021
There's a new survey, voluntary and totally anonymous.
The password is my status in Slack.https://t.co/fUr1DZ5Df1
Environ 500 personnes auraient déjà répondu à cette enquête qui interroge les employés d’Apple sur leur salaire, leur équipe, leur ancienneté, leur position géographique (le télétravail est un autre point épineux à Cupertino) et leur appartenance ou non à une minorité, entre autres. Scarlett aurait remarqué des salaires plus bas de 10 à 15 % chez des femmes dans une zone géographique en particulier. Selon elle, les tentatives d’Apple de court-circuiter la communication entre ses employés sur ce sujet ne joue pas en sa faveur : « cela me donne l’impression qu’il y a peut-être un problème, et qu’ils en sont déjà conscients. »
Dans certains pays comme le Royaume-Uni (mais pas les États-Unis), les sociétés ont l’obligation légale de soumettre des rapports sur les inégalités salariales en leur sein. En France, les contrats d'embauche d'Apple stipulent que le salaire est confidentiel et qu'en révéler le montant aux collègues est interdit. En 2020 au Royaume-Uni, le constructeur annonçait un écart moyen de 13 % en faveur des hommes.
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Un concept légal aux États-Unis et au Canada notamment, qui vise la protection du personnel en fonction de caractéristiques comme le sexe, la couleur de peau, la religion, etc. ↩︎
Source : Image d’accroche Apple