Jardin fermé à dessein pour retenir ceux qui y sont entrés ou jardin sécurisé pour en protéger les occupants ? Epic et Apple ont une vision diamétralement opposée de l'App Store d'iOS. Leurs avocats respectifs ont encore eu l'occasion d'en faire état au premier jour du procès qui oppose les deux entreprises en Californie, et ce pour les trois semaines à venir.
« Epic veut que nous devenions Android, mais ce n'est pas ce que nous voulons », a déclaré Karen Dunn, l'une des avocates d'Apple, ajoutant « Et nos clients ne le veulent pas non plus. Ils veulent avoir le choix ». Le choix entre deux modèles. Celui d'Apple qui conditionne le téléchargement d'apps iOS à un passage par l'App Store, et celui de l'écosystème Android où l'on peut passer outre Google Play et aller chercher des apps ailleurs.
C'est tout l'enjeu du procès, Epic espère obtenir de la justice qu'Apple n'impose plus l'App Store (et, partant, son mode de paiement intégré) comme l'alpha et l'oméga du téléchargement et du paiement des apps et des contenus sur iOS.
« Le jardin aurait pu avoir une porte » a fait valoir Katherine B. Forrest, l'une des avocates d'Epic, affirmant que « Le plan d'Apple était d'enfermer les utilisateurs à l'intérieur et de les empêcher de changer et de quitter l'écosystème Apple ». Epic a produit plusieurs échanges internes montrant que les responsables d'Apple étaient parfaitement lucides quant à la capacité de leurs apps et de leurs services, lorsqu'ils sont réunis, à rendre plus compliqué un changement de plateforme pour les utilisateurs.
Sa consœur a renversé le point de vue, en se plaçant du côté des développeurs, et avancé la carte de la sécurité, une thématique sur laquelle Apple s'appuie systématiquement pour défendre son modèle : « Apple n'a pas créé un écosystème intégré et sûr pour empêcher les gens d'entrer », elle l'a fait pour « accueillir les développeurs sans sacrifier aux principes de confidentialité, de fiabilité, de sécurité et de qualité qu'attendent les consommateurs ».
Là encore, Epic a pu étaler, dans sa présentation préliminaire, des exemples où la surveillance du contenu de l'App Store par Apple a été prise en défaut, au grand dam de ses responsables.
Source : Wall Street Journal