Apple est en parfait désaccord avec certaines des affirmations faites par son (désormais) concurrent Tile. Elle récuse notamment toute exploitation des données de ventes des Tile en Apple Store.
C'est ce qui ressort d'un courrier adressé à la sénatrice Amy Klobuchar qui préside une commission sur les questions de concurrence. Elle avait interrogé plusieurs acteurs de l'informatique et des réseaux sociaux le mois dernier (lire aussi App Store : Apple sous pression de la commission antitrust du Sénat US).
Au sujet des récriminations de Tile à son encontre, Apple répond par l'entremise de Kyle Andeer, Chief Compliant Officer, que sa nouvelle balise ne remet pas en question la concurrence existante sur ce marché. Tile mais aussi Chipolo et Samsung avec ses SmartTags sont cités comme preuve de la diversité de l'offre.
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Pour enfoncer le clou, Apple renvoie à une interview de CJ Prober, le directeur exécutif de Tile, qui décrivait toutes les différences entre son produit et celui d'Apple (comme la compatibilité avec Android, la portée du signal Bluetooth ou l'offre plus variée dans le catalogue de sa société). Comme autre élément différenciant, Kyle Andeer cite la manière dont Apple traite les données de position des utilisateurs, en privilégiant autant que possible le local plutôt qu'un stockage sur serveurs comme le fait Tile.
Ensuite, Tile s'était ému de ne pouvoir utiliser la puce U1 et les communications Ultra-wideband alors que les iPhone en sont dotés depuis deux ans et que les AirTags se réservent la fonction de Localisation précise permise par l'U1.
Apple se défend de se réserver ces innovations, même s'il est vrai qu'il est actuellement impossible pour un concurrent des AirTags d'utiliser l'U1 pour leur propre mode de localisation.
Cela va changer réitère Apple. Comme elle l'a promis très récemment, elle va publier d'ici la fin du printemps un premier jet de spécifications pour que les fabricants de puces puissent interagir avec l'U1 des iPhone afin que les Tile et autres puissent en équiper leurs propres balises. Ces spécifications seront ouvertes et compatibles avec les standards existants, promet la Pomme.
Reste qu'en tardant à ouvrir l'accès à l'U1 de ses deux dernières générations d'iPhone, Apple n'a pas encouragé les fabricants de balises à doter leurs produit de puces Ultra-wideband. Apple a beau jeu aujourd'hui, comme elle le fait dans ce courrier, de souligner que Tile se plaint de ne pouvoir s'en servir alors même qu'il n'en a pas pourvu ses produits.
Apple rejette aussi l'accusation selon laquelle l'app Localiser mise à jour en 2019 — avec la possibilité de retrouver des iPhone ou iPad perdus même s'ils ne sont pas connectés à internet — ne ferait que reprendre les concepts de Tile.
Apple rappelle que le lancement de la première version de l'app Localiser a précédé de deux ans la naissance de Tile et que la recherche d'objets avec la version d'iOS 13 était limitée aux produits d'Apple. Là où Tile avait une vision plus large pour toutes sortes d'objets. C'est peut-être jouer sur les mots de la part d'Apple puisque globalement le principe technique pour la recherche des objets chez l'un ou chez l'autre se ressemble.
Enfin, Apple conteste l'affirmation comme quoi elle disposait d'une position privilégiée pour étudier les performances commerciales de Tile. Et pour cause puisque ces balises ont été en vente dans tous ses Apple Store, avant d'en disparaître il y a quelques années.
Loin s'en faut déclare Kyle Andeer, les Tile « ne se vendaient pas bien » et Apple n'obtenaient pas d'informations différentes de ce que d'autres canaux de vente et distributeurs pouvaient récupérer en vendant eux-aussi ces balises. Là encore, on peut objecter que ces vendeurs — à l'exception d'Amazon — ne sont pas des fabricants et qu'ils n'auront aucune velléité à créer des produits concurrents de ceux qui marchent bien dans leurs rayons. « Apple n'a jamais utilisé la moindre de ces informations pour les différentes décisions liées aux AirTags », conclut le représentant d'Apple.