Cela pendait au nez d'Apple depuis un moment : la Commission européenne a prévenu la Pomme d'un possible abus de position dominante sur le marché du streaming musical par le biais de l'App Store. En cause, l'obligation d'utiliser le système de paiement d'Apple et sa commission de 30 % (dans la plupart des cas) au sein des applications, ainsi que l'interdiction pour les éditeurs d'informer les utilisateurs sur les possibilités de paiement externes.
Cette communication des griefs fait suite à la plainte de Spotify déposée en 2019 pour concurrence déloyale, le service se plaignant d'être désavantagé par rapport à Apple Music. « Apple a un rôle de gardien pour les utilisateurs d'iPhone et d'iPad avec l'App Store. Avec Apple Music, Apple est également en concurrence avec les services de streaming de musique. En mettant en place sur l'App Store des règles strictes qui désavantagent les services concurrents, Apple prive les utilisateurs de services musicaux moins chers et fausse la concurrence », déclare la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager.
En dépit de la défense d'Apple qui consiste à dire que l'iPhone est minoritaire par rapport à Android, la Commission juge qu'Apple a une position dominante sur le marché de la musique, car l'App Store est la seule porte d'entrée sur ses appareils. « Les utilisateurs d'appareils Apple sont très fidèles à la marque et ne basculent pas facilement [vers une autre] », explique Bruxelles. Dans une déclaration à The Verge, Apple répond :
Spotify est devenu le plus grand service de streaming musical au monde, et nous sommes fiers d’avoir joué un rôle dans ce succès. Spotify ne paie à Apple aucune commission sur plus de 99 % de ses abonnés et ne paie qu'une commission de 15 % sur les abonnés acquis par l’entremise de l'App Store. Au cœur de cette affaire se trouve l’exigence de Spotify de pouvoir présenter d’autres offres dans leur application iOS, une pratique qu'aucun magasin au monde ne permet. Une fois de plus, Spotify veut profiter des avantages de l'App Store, mais ne croit pas devoir payer quoi que ce soit pour cela. L’argument de la Commission au nom de Spotify est à l’opposée d’une concurrence loyale.
Aucune sanction n'est prononcée pour l'heure, la communication des griefs est une étape formelle des enquêtes permettant aux accusés de prendre connaissance des éléments contre eux et d'y répondre. Cette étape ne préjuge pas de l'issue de l'enquête, mais Apple est indéniablement dans une mauvaise posture.