Apple a publié sur son site un document de quatre pages dans lequel elle formalise son engagement en faveur des droits de l'Homme. Cette déclaration, listée dans les documents dédiés aux investisseurs, a été poussée par des actionnaires qui demandaient depuis plusieurs années un engagement en bonne et due forme.
Lors de la dernière réunion annuelle des actionnaires, la résolution déposée par l'organisation SumOfUs avait été rejetée par le conseil d'administration ainsi que par la majorité des investisseurs. Néanmoins, elle avait été soutenue à hauteur de 40 %, largement plus que les autres motions.
Pour s'éviter une nouvelle passe d'armes avec les actionnaires, le conseil d'administration a finalement adopté cette résolution, à la veille de la date limite de la soumission des nouvelles résolutions.
« Nous nous engageons à respecter les droits humains de tous ceux dont nous touchons la vie — cela inclut nos employés, nos fournisseurs, nos sous-traitants et nos clients », déclare Apple dans le document officiel. Et de poursuivre :
Chez Apple et dans toute notre chaîne d'approvisionnement, nous bannissons le harcèlement, la discrimination, la violence et les représailles de quelque nature que ce soit. Nous avons une tolérance zéro pour les violations motivées par toute forme de préjugé ou de sectarisme.
Apple s'engage à respecter la Déclaration universelle des droits de l'Homme ainsi qu'à suivre les principes directeurs de l'ONU relatifs aux entreprises. L'entreprise rappelle qu'elle publie depuis des années un rapport sur la transparence et un autre sur la responsabilité de ses fournisseurs.
La déclaration d'Apple est très précautionneuse. Alors que l'entreprise est régulièrement critiquée sur les conditions de travail chez ses sous-traitants en Asie et sur différentes actions prises sur ordre du gouvernement chinois, comme le retrait de l'application HKMap lors des manifestations à Hong Kong en 2019, « nous sommes tenus de respecter les lois locales », explique-t-elle.
« Il y a parfois des questions complexes sur lesquelles nous pouvons être en désaccord avec les gouvernements et d'autres parties prenantes. Grâce au dialogue et à notre confiance dans la puissance de l'engagement, nous essayons de trouver la solution qui convient le mieux à nos utilisateurs », déclare-t-elle, sans jamais citer de cas épineux, comme la Chine.
« Quand [les principes directeurs de l'ONU] sont disputés [par un pays], nous respectons la législation nationale tout en cherchant à respecter les principes des droits de l'Homme intentionnellement reconnus », dit autrement Apple, qui marche sur des œufs.
Sondhya Gupta de SumOfUs considère que l'adoption d'une politique officielle en matière des droits de l'Homme est « un moment décisif ». Néanmoins, l'organisation caritative demande à voir comment cette politique va être mise en place et comment elle sera contrôlée.
« Apple a une influence énorme sur la liberté d'expression à travers le monde. À la fin, son engagement en faveur des droits de l'Homme se mesurera par la différence qu'il fera dans la vie de millions de clients Apple se trouvant sous cyber-surveillance à Hong Kong, au Tibet, au Turkestan oriental, en Chine et ailleurs », estime SumOfUs.