Il n'y a pas que ses produits électroniques qu'Apple fait fabriquer en Chine (une grande partie en tout cas). Le constructeur a également importé de Chine les t-shirts de ses employés des Apple Store, plus précisément de l'entreprise Changji Esquel Textile basée dans le Xinjiang. Mais voilà, cette société est la cible de sanctions des autorités américaines : elle se serait rendue coupable de travail forcé.
Dans un style très trumpien, Wilbur Ross le secrétaire au commerce américain a déploré l'offensive « méprisable » du « Parti communiste chinois contre des minorités musulmanes ». En l'occurrence des Ouïghours qui font l'objet d'une répression révoltante exercée par le régime de Pékin (lire : Travail forcé des Ouïgours : des fournisseurs d'Apple et d'autres entreprises épinglés).
Esquel, la maison-mère basée à Hong-Kong, dément les allégations d'abus : « Nous n'avons jamais utilisé, nous n'utilisons pas et nous n'utiliserons jamais le travail forcé nulle part dans notre entreprise ». Dix autres sociétés situées dans le Xinjiang sont concernées par ces sanctions. Celles-ci interdisent à des groupes américains de faire des affaires avec les entreprises concernées.
Du côté d'Apple, on assure qu'aucun de ses fournisseurs n'utilise de coton provenant de cette province, sans aller jusqu'à dire que la Pomme ne l'a jamais fait. Un mois avant l'annonce des sanctions, Esquel faisait parvenir un lot de t-shirts en Californie, destinés aux boutiques du constructeur. Cette entreprise travaille aussi pour le compte de Patagonia, Nike ou encore Tommy Hilfiger ; au mois de mars, Apple était présenté comme un « client majeur » par un rapport de l'Australian Strategic Policy Institute (ASPI).
Apple explique dans une déclaration qu'Esquel n'est pas un fournisseur direct, mais que « nos fournisseurs utilisent du coton de leurs usines de Canton et au Vietnam. Nous confirmons n'avoir aucun fournisseur de coton basé au Xinjiang, et nous ne projetons pas de commander de coton de cette région ». Le constructeur ne précise pas d'où provient la matière première qui alimente les lignes de production de Canton (où il n'existe pas de culture du coton) et du Vietnam, où Esquel ne possède pas de culture de coton non plus.
Durant l'audition antitrust qui s'est tenue fin juillet devant une commission du Congrès américain, Tim Cook a qualifié le travail forcé d'« odieux » : « Nous ne tolérons pas [l'esclavage]. Nous mettrions fin à une relation avec un fournisseur si nous trouvions des preuves de travail forcé ».
Source : The Guardian