Le retour à des niveaux normaux de production chez Foxconn et d'autres assembleurs présents en Chine est un véritable défi, comme l'explique le Nikkei, en détaillant des mesures prises pour éviter tout risque sanitaire dans ces méga-usines.
Sur son campus de Longhua à Shenzen, grand comme 250 terrains de football et occupé habituellement par 100 000 personnes, des consignes strictes ont été dictées par les autorités locales. De ces installations sortent des iPad, des smartphones Huawei et des enceintes Google.
Ce site n'a pu réouvrir comme prévu le 10 février, à l'issue des congés du Nouvel an chinois. Des inquiétudes subsistaient quant à la qualité de l'air brassé dans les dortoirs, les cantines et les chaînes de production. Depuis, le feu vert a été donné mais il se pose un autre problème : le retour des salariés.
Pour ceux qui vivent loin de ces usines, parfois à des milliers de kilomètres, il peut être compliqué de voyager tant que la situation ne s'est pas stabilisée. Les lignes de production sont donc partiellement occupées, par des employés qui vivent dans les environs.
Une source du Nikkei estime qu'une reprise complète pourrait prendre entre 1 et 2 mois au lieu de quelques jours. L'objectif est moins de relancer aussi vite que possible la production en grands volumes que d'y aller à petite échelle puis de monter en charge progressivement.
D'autres consignes compliquent ce quotidien. Les instances locales conseillent de limiter le nombre de réunions quotidiennes entre salariés, de se tenir à au moins 1 mètre de son voisin et de garder les fenêtres ouvertes lors de ces meetings. Foxconn a développé une app qui prévient ses employés lorsqu'ils approchent de zones infectées ou lorsque de trop grands groupes se forment sur son campus.
Toujours dans le but de limiter les gros rassemblements, les périodes de repas devraient être espacées, et il est conseillé aux personnels de manger seul et de limiter les interactions après leur travail.
Foxconn, qui dispose de 45 sites dans plus de 40 villes à travers la Chine, a même lancé sa propre ligne de fabrication de masques, avec comme objectif d'en produire 2 millions par jour d'ici la fin du mois, continue le Nikkei.
Sur son site de Shanghai, les employés doivent porter de tels masques et leur température est vérifiée à l'entrée comme à la sortie. Ceux qui arrivent d'autres provinces sont placés en quarantaine pendant 15 jours avant de pouvoir se mettre au travail, ce qui peut repousser leur reprise au mois de mars. Dans l'intervalle, leur température est contrôlée deux fois par jour et leurs plats pris dans les chambres.
D'autres facteurs encore compliquent la situation. Les autorités régionales pousseraient à la prudence pour la réouverture de ces usines tandis que Pékin souhaiterait au contraire une reprise rapide de l'activité pour soutenir une économie frappée de plein fouet par cette pneumonie. Hormis dans la province du Hubei qui l'a vu se déployer, les autres instances locales aurait interdiction d'empêcher des usines de se remettre en route.
Ensuite, les assembleurs d'origine taïwanaise (Foxconn, Quanta, Pegatron, Wistron) ne seraient pas soumis à des directives aussi strictes que leurs concurrents d'origine chinoise. Ces groupes étrangers redoutent d'autant plus d'être pris en défaut si un problème avec le coronavirus survient au cœur même de leurs installations.
De son côté, Digitimes indique que si la production de "l'iPhone 9" ou "SE 2" est en bonne voie, celle des futures iPhone 12 a connu des ralentissements. Apple aurait annulé les déplacements vers la Chine de certains de ses employés prévus pour assister dans la préparation de la future production. Le calendrier de lancement n'en serait pas chamboulé mais le démarrage de la production, généralement en juin, pourrait en souffrir.