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Craig Federighi : la confidentialité, c'est en faire davantage en local

Florian Innocente

lundi 27 mai 2019 à 16:00 • 18

AAPL

Apple a ouvert ses portes au quotidien britannique The Independent, avec comme hôte Craig Federighi et comme sujet principal la manière dont Apple appréhende la protection des données de ses clients.

La visite a fait un crochet par un laboratoire méconnu d'Apple Park où des centaines de processeurs, en développement pour de futurs iPhone et iPad, sont testés dans des conditions extrêmes. Fortes chaleurs (+110°), froids intenses (-40°) et d'autres opérations consistant à éprouver la résistance de ces puces et celle de leur Secure Enclave. Si une fois soumis à rude épreuve, la sécurité de ces processeurs flanche, il y a le risque que des hackers s'en aperçoivent et exploitent ce biais.

Image : The Independent

Craig Federighi martèle que les considérations d'Apple sur la confidentialité des données n'arrivent pas en dernière étape de la création des produits, c'est un critère qui les définit dès le départ : « Lorsque nous discutons de la conception d'un produit, c'est l'une des premières questions qui sont abordées : "comment allons-nous gérer ces données utilisateurs ? ».

Le patron du logiciel insiste sur l'absence d'intérêt d'Apple à établir un profil très détaillé de ses clients :

En tant qu'entreprise, nous n'avons aucun intérêt à tout savoir sur vous, nous pensons que c'est votre appareil qui doit s'adapter à vous, par lui-même. Mais ça reste sous votre contrôle, ce n'est pas Apple qui en apprend davantage sur vous, nous n'avons aucune incitation à le faire.

Au début du mois, Sundar Pichai, le patron de Google a taclé Apple, sans la nommer, en suggérant que certains ne faisaient profiter de leur politique qu'une clientèle aisée, seule à même de pouvoir s'offrir ses produits, alors que la question concerne tout le monde.

Craig Federighi rejette l'idée d'une politique réservée aux gens aisés, tout en glissant que les modèles économiques choisis par les uns les autres parlent d'eux-mêmes. Il voit dans l'approche d'Apple un encouragement plus général pour toute l'industrie : « Il est certain que nous cherchons à donner le meilleur exemple de ce qui est faisable, pour que l'exigence des gens à propos de leurs produits soit plus élevée ».

Quant ce n'est pas Google, c'est Facebook qui critique le discours d'Apple, sur le fait que l'entreprise a les serveurs dévolus à ses clients chinois installés dans le pays (Facebook est interdit en Chine, ce qui simplifie l'équation). Federighi conteste cette lecture de la situation, il argue que le plus important est moins l'emplacement géographique de ces serveurs que le choix de limiter le volume des données qui y sont stockées et de les entourer de protections à même de bloquer les curieux.

Dans le second cas ça passe par le chiffrement, dans le premier, par un traitement réalisé autant que possible sur le smartphone directement. En résumé, moins vous collectez de données, moins il y a de risques sur leur exploitation en cas d'interception.

Federighi insiste sur la nécessité de continuer à renforcer les mesures de sécurité sur les smartphones. Ce que souvent des agences gouvernementales ont reproché à Apple. Il n'y a pas que l'aspect personnel de ces infos qui doit être protégé, souligne le responsable d'Apple :

Si je travaille dans une centrale, je peux avoir accès à un système d'une importance majeure. La protection et la sécurité de ces appareils sont absolument cruciales pour la sécurité publique.

Plus loin il revient sur les méthodes employées pour améliorer les services d'Apple, tout en utilisant des données utilisateurs qui sont anonymisées et détachées de la personne qui les a créées. Apple s'appuie également sur des sources publiques, comme des banques d'images achetées plutôt que sur les bases photos de ses utilisateurs, à la manière de Google. Ou pour tester sa reconnaissance vocale, elle entraine son moteur avec les flux de podcasts audio.

Quand ce ne sont pas ses propres employés qui apportent leur concours, toujours d'une manière anonymisée, par exemple pour les fonctions santé de l'Apple Watch.

Le leitmotiv de Federighi est que le meilleur moyen de protéger la vie privée de ses clients est, en définitive, de donner un rôle plus central au smartphone et à ses capacités de traitement propres :

Je crois qu'au final, la tendance sera de déplacer de plus en plus de choses vers l'appareil, parce que vous voudrez que l'intelligence respecte vos données personnelles, mais qu'elle soit aussi disponible à tout moment, que vous ayez ou non une bonne connexion. Vous voudrez des performances élevées et une latence très basse.

Apple n'entend pas relâcher la pression sur cette thématique de la confidentialité. Cette interview le montre et il ne fait guère de doutes qu'à l'occasion de la présentation d'iOS 13 début juin, certaines des nouvelles fonctions proposées en feront la démonstration.

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