Hé bien, ça n’aura pas duré bien longtemps. Alors que le procès s’est ouvert hier, Apple et Qualcomm ont finalement décidé de s’entendre à l’amiable. Apple a diffusé un communiqué de presse qui détaille l’accord entre les deux entreprises, une entente d’autant plus étonnante que les couteaux étaient de sortie.
L’entente, qui met fin à toutes les poursuites entre les deux parties partout dans le monde, inclut un règlement financier d’Apple à Qualcomm, un accord de licences sur les six prochaines années (avec une option d’extension pour deux années supplémentaires). Il est effectif rétroactivement à compter du 1er avril. Cette entente pluriannuelle contient aussi un accord portant sur la fourniture de puces. Les deux groupes ont sans doute fini par faire un pas envers l’autre (Qualcomm avait l’air tout disposé à mettre un terme à la dispute).
Il s’agissait évidemment d’une histoire de gros sous concernant le montant des royalties qu’Apple et ses partenaires devaient verser à Qualcomm. Apple et quatre de ses sous-traitants (Foxconn, Pegatron, Wistron et Compal) cherchaient durant le procès à obtenir des dommages de 27 milliards de dollars. Qualcomm, de son côté, voulait leur arracher 7,5 milliards de royalties plus 15 milliards de dommages. On ignore le montant du chèque signé par Apple suite à cette entente surprise.
Mais il y a aussi une certaine acrimonie entre les deux partenaires, qui s’incarne au travers des relations glaciales entre Tim Cook et son homologue de Qualcomm, Steven Mollenkopf. Les deux patrons sont (ou étaient ?) d’ailleurs appelés à témoigner durant le procès de San Jose. On ne sait pas ce qu’il adviendra des discussions de prétoire.
Le communiqué ne l’indique pas clairement, mais il est probable que les difficultés d’approvisionnement d’Apple en matière de puces réseau — notamment 5G — auprès d’Intel ont fortement pesé sur cette décision d’enterrer la hache de guerre. En d’autres termes, on peut penser qu’Apple commençait à mal vivre le retard de l’iPhone en matière de 5G alors que la nouvelle norme commence à se déployer.
Qualcomm, de son côté, fournit déjà les premiers constructeurs à se lancer dans la 5G (lire : Qualcomm : Apple a notre numéro s'ils veulent la 5G). Il reste maintenant à savoir comment les choses vont se passer : les puces réseau de Qualcomm vont-elles retrouver le chemin de l’iPhone, alors qu’Apple a fait appel au seul Intel pour les iPhone XR et XS ? Peut-on espérer un iPhone 5G dès cette année ? Cela semble compromis, le constructeur développant ses smartphones un ou deux ans à l’avance, mais qui sait.
Si le gagnant de l’histoire est indéniablement Qualcomm (dont le cours de Bourse grimpe en flèche depuis l’annonce), le plus grand perdant n’est peut-être pas Apple, mais… Intel, dont les puces réseau vont se retrouver en concurrence avec celles de Qualcomm.