Un long et passionnant article du New York Times décrit la manière dont Facebook a géré la série de scandales entourant l’exploitation des données personnelles de ses utilisateurs. Entre les trolls russes et le scandale Cambridge Analytica, on y apprend comment Mark Zuckerberg, son bras droit Sheryl Sandberg et d’autres dirigeants de Facebook ont tenté de masquer les problèmes. La réputation de la société n’en sortira sans doute pas grandie.
Au milieu de cette enquête se niche une anecdote révélatrice des tensions qui peuvent exister entre Apple et Facebook, et en particulier entre les deux patrons de ces entreprises. En mars, Tim Cook participait à une émission de la chaîne MSNBC consacrée aux efforts d’Apple pour l’éducation et à la confidentialité des données.
Interrogé pour savoir ce qu’il aurait fait à la place de Mark Zuckerberg, qui se noyait alors dans les révélations sur Cambridge Analytica, le patron d’Apple a déclaré tout de go qu’il ne serait pas dans la même situation. « Nous ne faisons pas de trafic avec votre vie privée. La vie privée pour nous, c'est un droit de l'homme, une liberté civile », a-t-il dit avant de se prononcer en faveur d’une plus grande régulation (lire : Exploitation des données : Tim Cook tacle Mark Zuckerberg).
Ces critiques nullement voilées contre le modèle économique de Facebook ont enragé Mark Zuckerberg, selon le NYT. Le fondateur du réseau social a par la suite exigé que son équipe de direction n’utilise plus que des smartphones Android, sous le prétexte que l’OS de Google compte bien plus d’utilisateurs que l’iPhone…
Fin octobre, le patron de Facebook rallumait la mèche en se félicitant de la manière dont WhatsApp défend la vie privée des utilisateurs. L’app ne stocke pas les clés de chiffrement des messages en Chine, contrairement à Apple (lire : Non, la Chine n’a pas « les clefs d’iCloud).
Ce n’était pas la première fois que Tim Cook s’en prenait ainsi aussi franchement à ces sociétés exploitant les données à des fins publicitaires. Dès 2014 en fait, il expliquait déjà que si le service était gratuit, alors c’était l’utilisateur le produit. Le mois dernier, il était à Bruxelles pour saluer la RGPD et la protection des données confidentielles en Europe.
Mise à jour le 15 novembre : Facebook a publié un communiqué en réponse à l'article du New York Times. Plusieurs sujets sont précisés ou démentis, dont celui de l’iPhone, ainsi qu’une information selon laquelle Facebook aurait payé une personne pour publier des articles de presse négatifs sur Apple et Google :
Tim Cook a constamment critiqué notre modèle économique et Mark a clairement fait part de sa désapprobation. Il n’a donc pas été nécessaire d’employer qui que ce soit pour faire cela pour nous. Et cela fait longtemps que nous encourageons nos employés et nos dirigeants à utiliser Android, car il s’agit du système d’exploitation le plus populaire au monde.