La palissade fraîchement tombée, on peut enfin voir la façade de l’Apple Store des Champs-Élysées qui ouvrira le mois prochain. Une façade légèrement remaniée par rapport au projet original, mais pas encore assez pour une commission parisienne.
Retour en 2016. Cette année-là, la Commission du Vieux Paris étudie le projet de restructuration d’Apple concernant un bâtiment de 1893 faisant l’angle des Champs-Élysées et de la rue Washington. Les membres de la commission, qui ont pour mission de conseiller la mairie de Paris sur la protection du patrimoine, se déclarent à l’unanimité contre le projet du cabinet d’architecture Foster + Partners mandaté par Apple.
En cause, le ravalement de façade qui va gommer l’aspect d’origine du bâtiment, alors que cette façade fait partie des rares éléments n’ayant pas été transformés au fil du temps, même si elle a déjà été recomposée. En juin 2016, la commission demande « un dessin plus cohérent pour le nouveau socle commercial de l’immeuble ».
Dans les semaines qui suivent, Foster + Partners soumet une nouvelle version du projet. « Le cordon filant envisagé initialement a été abandonné dans la mesure où il résulte de la campagne de restructuration de 1991 », note la commission dans son compte-rendu de séance de septembre 2016. Pas de changement en revanche concernant « la dimension, l’emplacement et l’encadrement des nouvelles devantures ».
Déception du comité : « S’ils s’accordent à reconnaître le progrès représenté par la suppression du cordon filant en façade, plusieurs [membres] regrettent la perte de cohérence entre le nouveau socle commercial, côté avenue des Champs-Élysées et celui côté rue de Washington. […] Tous estiment dommageables les transformations envisagées sur cet immeuble, pourtant relativement épargné jusqu’à présent, contrairement aux bâtiments voisins situés sur l’avenue. » La commission maintient dès lors son opposition au projet.
Cette opposition ne freinera pas le ravalement de façade tel que présenté durant l’été 2016, la ville de Paris décidant de ne pas suivre l’avis de la Commission, qui est purement consultatif.
Un désaveu qui ne plaît guère à la Commission du Vieux Paris, comme elle en fait état dans son bilan de l’année 2016 : « le bilan est certes meilleur qu’en 2015, mais en matière de Protections de la Ville de Paris, la règle devrait être que le vœu soit systématiquement suivi. Si le Conseil de Paris a décidé unanimement de protéger spécialement un immeuble, la décision d’annihiler cette protection ne saurait être prise à la légère. »
À défaut de pouvoir forcer la municipalité à suivre ses avis, la Commission demande à ce que des explications lui soient fournies en cas de décision contraire. Une demande à laquelle la ville de Paris n’a répondu que partiellement en 2017, selon le bilan de l’année suivante.