« Je pensais avoir une assez bonne discipline [à propos du temps passé sur l'iPhone] et j'avais tort, lorsque j'ai commencé à voir mes données, j'ai réalisé que j'y passais beaucoup plus de temps que je ne le devrais » expliquait hier Tim Cook, sur CNN, à propos de la nouvelle fonction "Temps d'écran" d'iOS 12.
Bien-être numérique
Le patron d'Apple s'est fait le VRP de cette fonction de "bien-être numérique" qui avait été promise en début d'année, à la suite de remarques d'actionnaires. Google a conçu un tableau de bord du même genre qui arrivera à la rentrée dans le futur Android P, quand ce ne sont pas des apps qui s'en dotent directement (lire iOS, Android et bientôt Instagram veulent votre bien-être numérique).
Toujours à propos de cette prise de conscience provoquée par cette fonction, Tim Cook poursuit : « Je me suis aussi rendu compte que le nombre de notifications que je recevais n'avait plus de sens ».
Apple n'est pas là pour dire aux gens ce qu'ils doivent faire avec leur téléphone, tempère-t-il, mais ils auront des chiffres qui leur montreront le temps passé avec, le nombre de fois où ils se sont saisis de leur iPhone ou iPad, le nombre de notifications reçues, le temps passé dans chaque app : « Nous n'avons jamais souhaité que les gens passent tout leur temps sur leurs téléphone ». À chacun ensuite de décider s'il est nécessaire, ou non, de changer ses habitudes.
« Le pouvoir [de décision] est en train de se déplacer vers l'utilisateur » insiste Tim Cook, qui y voit la traduction de ce qu'Apple a toujours voulu faire : « Transmettre le levier de pouvoir de l'institution vers l'utilisateur ». Avec tout de même quelques exceptions, Apple est tout aussi célèbre pour sa capacité à décider ce qu'elle juge être le mieux pour ses clients, et cela se voit parfois dans ses choix techniques, dans ses produits.
Politique
« Je ne suis pas quelqu'un qui fait de la politique » a répondu Cook à la journaliste de CNN qui l'interrogeait sur d'éventuelles ambitions de se lancer un jour dans l'arène politique. Cook, bien plus que son prédécesseur, a été amené ces dernières années à discuter avec le gouvernement, et plus récemment encore avec l'administration Trump.
Lors de la dernière élection présidentielle américaine, le patron d'Apple a soutenu Hillary Clinton et son nom a été cité comme possible vice-président des États-Unis en cas de victoire de la candidate démocrate. « Je ne suis pas sûr que je me débrouillerais bien dans cet univers. Je crois que je peux apporter une contribution importante en faisant ce que je fais aujourd'hui », dit-il. « Je ne m'y vois pas », conclut-il pour fermer la porte à cette éventualité.
La politique telle qu'elle fonctionne ne correspond pas au schéma de fonctionnement du patron d'Apple : « J'aime bien que les choses soient faites et je n'aime pas les coulisses de toute la mécanique politique, au sens large, peu importe le parti, et j'adore Apple, c'est la chance d'une vie que de pouvoir diriger cette entreprise à notre époque ».
Alors qu'une guerre commerciale se dessine entre les États-Unis et d'autres pays suite à la décision de Donald Trump de relever des tarifs douaniers, le patron d'Apple reste campé sur une position critique : « Les pays qui ont un certain degré d'ouverture sont ceux qui s'en sortent le mieux sur la durée. Le commerce rapproche les gens et je crois que c'est tout aussi vrai pour les pays. Ça aide à travailler ensemble sur des sujets plus larges lorsque le commerce fonctionne ».
Vie privée
Apple est revenue ce début de semaine dans l'actualité de la diffusion de données privées au travers d'un article du New York Times.
Le quotidien expliquait comment, il y a 11 ans, des éditeurs de systèmes d'exploitation — Apple, Microsoft, Blackberry, Samsung… — auraient été en mesure d'obtenir des informations sur les profils d'utilisateurs de Facebook lorsqu'ils intégraient le réseau social, encore tout jeune, dans leurs OS.
Une lecture des événements contestée par Facebook (lire Apple, Microsoft, Samsung et d'autres ont exploité les données Facebook avec une discrétion certaine [màj]) ainsi que par Tim Cook, dans une autre interview accordée à la radio NPR :
Nous n'avons jamais été dans le commerce des données. Les éléments mentionnés dans le New York Times, à propos du statut des relations entre les gens et toutes les autres choses [les tendances politiques de ces utilisateurs de Facebook, leur préférences religieuses, ndlr], tout cela nous est étranger et ce ne sont absolument pas les données que nous avons reçues à un quelconque moment, ni celles que nous avons demandées — rien de tout cela, zéro.
Ce que nous avons fait c'est intégrer la fonction de partage au sein du système d'exploitation, de rendre facile le partage de photos, ce genre de trucs. C'était une facilité offerte à l'utilisateur. Nous n'étions pas dans le commerce des données, nous n'avons jamais été dans cette activité ».
Cook a réitéré sa conviction que la vie privée était « un droit de l'homme fondamental », ajoutant : « Tout ce qui entoure la vie privée est devenu hors de contrôle. Je crois que beaucoup de gens ne se rendent pas compte de qui les piste, à quel point ils sont pistés et la masse de données les concernant qui est disponible à l'extérieur ». Apple, dans iOS 12 et macOS Mojave, a ajouté de nouveaux pare-feu pour bloquer ces partages d'informations.
Pour cette fois, Cook n'a pas désigné explicitement Facebook comme exemple d'une société dont le modèle économique repose tout entier sur la fine connaissance de ses utilisateurs : « On ne vise pas une entreprise en particulier. »