Alors qu’elle avait semblé s’éloigner au monde de l’éducation, Apple multiplie les gestes d’attention envers les enseignants. Outre le special event du 27 mars dernier, Apple organise des « Teacher Tuesday » dans ses boutiques, et même des sessions de discussion sur Twitter. Tous les mardis à partir de 21 heures, les enseignants sont invités à utiliser le hashtag #AppleEDUchat pour discuter avec un invité.
Ces discussions, qui ont pris la suite des anciennes sessions #ADEChat au début de l’année, vont de pair avec le nouveau programme Apple Teacher. Ce « programme de formation professionnelle », pour reprendre les termes d’Apple, vise à valoriser les usages pédagogiques des outils informatiques. Évidemment, il s’agit de montrer les possibilités du Mac et surtout de l’iPad, avec les outils et les applications fournis par Apple.
Comme le programme SEED de formation des revendeurs, le programme Apple Teacher adopte une approche ludique… qui n’est pas sans rappeler le système des bons points. Les formations débouchent sur des tests interactifs, les tests permettent d’obtenir des badges, la collection de tous les badges permet d’obtenir le statut d’Apple Teacher. Un statut plus accessible que celui d’Apple Distinguished Educator, décerné à moins de 2 600 personnes dans le monde.
Avec un peu de persévérance suivi d’une mise en pratique, j’obtiens les 8 badges obligatoires répondant aux exigences #AppleTeacher . Le matériel d’auto formation mis à disposition a été d’une aide précieuse.
— Laurent Dupuis (@ldupuis_eu) 23 mai 2018
Avec ces diverses initiatives, Apple veut montrer son regain d’intérêt pour le monde de l’éducation. Il est loin, le temps où les enseignants menaient des expériences pédagogiques avec l’iPod et les amphis étaient pleins de Mac. Microsoft a conclut plusieurs accords avec l’Éducation nationale et distribue des licences Office 365 dans les universités, et sans même parler du succès institutionnel des Chromebook, les services de Google sont très largement utilisés par les enseignants et les élèves.
Apple veut mener la reconquête, avec l’iPad et de nouveaux services bien sûr, mais aussi en formant une communauté d’« évangélistes ». Elle compte notamment sur les réseaux sociaux, avec les sessions #AppleEDUchat et #AppleTeacher donc, mais aussi #EveryoneCanCode et #SwiftPlaygrounds pour l’apprentissage du développement, ou encore #ClassroomClips pour les usages plus ludiques.
Comme lorsqu’elle proposait de grosses réductions aux étudiants avec le programme Apple on Campus, ou qu’elle participait aux salons spécialisés avec des équipes dédiées, Apple croit aux mérites d’une approche ascendante. Les enseignants qui utilisent ses produits sont les meilleurs ambassadeurs, les étudiants qui utilisent ses produits sont de futurs clients.
Une approche difficilement compatible avec l’impératif de neutralité du service public, qui justifie l’interdiction des « sorties scolaires » dans les boutiques Apple, dont la portée pédagogique est tout aussi indéniable que l’intérêt commercial. Ce qui n’a pas empêché Apple d’importer son programme Everyone Can Code en France, dans des écoles privées, mais aussi à Sorbonne Université.