« Un petit groupe parmi nous a travaillé sans relâche sur ce produit pendant des années. On a bossé jusque tard la nuit et les week-ends, nous avons sacrifié du temps familial, nous avons manqué des anniversaires. Nous avons déposé des brevets et fait les choses correctement de manière à profiter des fruits de notre labeur. Lorsque les téléphones de Samsung sont sortis, vous pouvez imaginer tous les sentiments négatifs que cela a engendré », a déclaré Tony Blevins, Vice-Président chargé des approvisionnements chez Apple.
Lui et certains de ses collègues ont apporté leurs premiers témoignages dans la nouvelle séquence du procès Apple contre Samsung qui s'est ouverte hier et va durer jusqu'à vendredi. Sept ans après le début des hostilités entre les deux groupes, les plaies sont toujours vives chez ceux qui ont participé à créer l'iPhone.
« C'était un plagiat éhonté, ils ont essayé de voler l'essence même de l'iPhone » a dit Richard Howarth, l'un des deux plus proches collaborateurs de Jonathan Ive. Lorsque John Quinn, l'avocat de Samsung a voulu savoir si les brevets déposés protégeaient tout l'iPhone ou juste une partie, Howarth a admis qu'un téléphone pouvait être démonté sous réserve d'avoir les bons outils tout en insistant sur le fait que « l'iPhone est une idée. L'ensemble forme l'iPhone… Vous ne pouvez pas en isoler juste une partie et dire : "On protège juste ça" ».
Blevins a défendu la méthode d'Apple dans sa conception des produits « La philosophie d'une grande majorité des entreprises repose sur l'assemblage de pièces » chercher les meilleures pour les réunir en un produit « Apple fait complètement l'inverse » en partant d'un design et en trouvant ensuite les composants qui conviendront.
John Quinn affirme que le calcul des dommages infligés à son client est erroné. Que les experts d'Apple, en voulant estimer ce que Samsung a gagné avec ses téléphones, ont par exemple omis de décompter les dépenses en marketing et publicité.
Samsung, conforté par une décision de la Cour suprême, veut imposer un chiffrage basé sur les seuls éléments de ses téléphones qui ont enfreint des inventions d'Apple et non sur la totalité de bénéfices qu'il a retiré de leurs ventes.
C'est tout l'enjeu de ce nouvel épisode judiciaire, définir ce que Samsung doit encore payer à Apple. Au fil des étapes devant les tribunaux, le milliard initial a fondu à 548 millions et sur ce montant le groupe sud-coréen en conteste la part du lion : 399 millions.
L'avocat de Samsung a demandé hier que le solde soient réduit à 28 millions de dollars. En face l'avocat d'Apple a réclamé à nouveau le milliard de dollars pour 3 brevets (portant sur des aspects matériels) ainsi qu'un petit 5 millions pour ceux relatifs au logiciel. Au vu de la fourchette, c'est ce qui s'appelle, d'un côté comme de l'autre, se réserver une marge de manœuvre.