Aujourd'hui, les actionnaires d'Apple avaient rendez-vous au Steve Jobs Theater pour leur réunion annuelle. La reconduction du conseil d'administration était attendue, elle a donc été votée sans heurts ; même si un actionnaire a demandé pourquoi il n'y avait que deux femmes dans le board (Andrea Jung et Sue Wagner), les huit candidats à la réélection ont été reconduits haut la main.
Le vote concernant les différentes résolutions n'a réservé lui aussi aucune surprise : celles recommandées par le conseil ont été adoptées, celles pour lesquelles le conseil était contre ne l'ont pas été. C'est tous les ans la même histoire ou presque.
Le principal intérêt de ce raout a surtout été la séance de remarques des actionnaires avant le vote, puis les questions/réponses avec Tim Cook. La réunion a été émaillée de quelques fulgurances, comme cet actionnaire qui a interpellé le conseil d'administration sur un point qui fait débat depuis plusieurs semaines : la qualité des logiciels d'Apple. Très insatisfait, il s'est plaint du grand nombre de changements « mais sans beaucoup d'améliorations ».
Sa solution : arrêter de mettre à jour ses appareils (il en est resté à iOS 9) car il n'a plus confiance en Apple, qui « perd pied avec les gens qui travaillent ». S'il n'a pas voté la confiance au board, pas question pour lui de se séparer de ses actions AAPL ni d'acheter des produits concurrents (« ils sont pires »).
On peut sourire de ce petit accrochage, mais il est révélateur de la frustration de beaucoup d'utilisateurs. Ce qui conduit d'ailleurs Apple à ralentir la cadence des nouveautés pour améliorer la stabilité (lire : macOS et iOS : Apple prend plus de temps pour développer des nouveautés).
La réunion a parfois connu des passages lunaires (un actionnaire a demandé si Apple s'intéressait à l'hygiène dentaire connectée), mais elle a surtout été l'occasion pour Tim Cook de revenir sur les principaux sujets qui ont fait l'actualité de ces dernières semaines.
L'iPhone X ? La satisfaction des utilisateurs culmine à 99%. Les wearables ? C'est un mot que le CEO n'aime pas trop, même si cette activité en plein essor chez Apple est presque assez importante pour figurer seule dans le classement Fortune 300.
Les abonnements ? Apple approche du quart de milliard d'abonnés à ses services. « Nous apprenons à faire ça. Je pense que ce sera bon pour Apple à l'avenir ». Les acquisitions ? Apple a acheté durant le dernier exercice 19 entreprises, et d'autres sont dans les tuyaux. La R&D ? Apple a investi 12 milliards de dollars l'an dernier.
Tim Cook est un peu sorti du chemin balisé de la communication d'Apple en évoquant le sujet du paiement mobile. Apple Pay a démarré plus lentement qu'il ne le pensait. « Toutefois, ce que j'ai vu ces douze derniers mois est une adoption rapide, spécialement en Russie, en Chine et au Japon ». Il espère qu'il sera toujours là au moment de la suppression totale de l'argent fiduciaire (les bons vieux billets et pièces).
Au delà de la question de l'hygiène buccale, Tim Cook a dit un mot des initiatives d'Apple, nombreuses, dans le domaine de la santé. « Il est clair que nous pouvons faire plus. Notre ambition est grande [comme on l'a vu avec iOS 11.3 et le carnet de Santé qui s'améliore]. Plus nous investissons de temps dans ce domaine, plus je suis enthousiaste car Apple peut offrir à la vie des gens une contribution significative ».
Le patron de l'entreprise a aussi défendu le modèle de l'App Store quand il a été interrogé sur la problématique des fake news et du terrorisme : « Nous avons parfois été critiqués pour ça… Nous faisons fonctionner l'App Store comme si on gérait la boutique du coin, ce que vous avez dans les rayons dit quelque chose de vous ».
Et bim dans la tête des Facebook, YouTube, Play Store et autres plateformes en ligne dont les portes sont (trop) grandes ouvertes au n'importe quoi. On a d'ailleurs eu l'illustration de la main de fer d'Apple il y a quelques jours, l'App Store ayant supprimé pendant un temps Telegram pour diffusion de pédopornographie.
Alors que la distribution physique traditionnelle est de plus en plus concurrencée par le commerce en ligne, le réseau des Apple Store demeure essentiel. « Des personnes pensent que le commerce physique va disparaitre et que tout sera vendu en ligne. Nous ne le pensons pas. Nous ne l'acceptons pas », martèle Tim Cook. « Nous pensons que les interactions avec les gens sont plus fortes que tout ».
Le rapatriement du trésor de guerre stocké à l'étranger va coûter 38 milliards de dollars à Apple. « Nous aurions pu laisser [cet argent] où il était et ne rien payer », a expliqué Tim Cook, qui veut consacrer ces dollars à l'investissement dans le pays.
La succession de Tim Cook a été évoquée, comme à chaque réunion annuelle ou quasi. Le CEO a déclaré qu'une de ses plus importantes fonctions était de « passer le flambeau » à un nouveau leader. À 57 ans, et alors que les résultats sont aussi bons, Tim Cook est tout de même bien parti pour… rester, si on peut dire.
Les actionnaires présents n'ont pas eu droit à une visite guidée de l'Apple Park, ni à des dividendes spéciaux. Après tout, les caisses de l'entreprise vont déborder du cash rapatrié depuis l'étranger. « Je ne suis pas fan des dividendes spéciaux. Je ne pense pas que cela aide l'entreprise ou les actionnaires au long cours ». Tim Cook a cependant rassuré en s'engageant à augmenter le dividende annuel.
Source : Tim Bradshaw, Kif Leswing, Shara Tibken