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iOS 11/macOS High Sierra : comment Apple peut remonter la pente

Christophe Laporte

jeudi 07 décembre 2017 à 20:30 • 158

AAPL

À une époque, il était possible de donner une note à macOS dans le Mac App Store. Seulement voilà, les notes et les commentaires étaient parfois sacrément gratinés pour le système d'exploitation des Mac. Afin sans doute de ne pas faire peur aux utilisateurs se préparant à faire la mise à niveau, Apple a décidé l'année dernière avec Sierra de retirer cette possibilité.

Des notes en chute libre pour macOS High Sierra et iOS 11

Afin d'avoir un baromètre (qui ne pourra pas être aussi large que celui d'Apple), nous vous demandons chaque année quelques semaines après chaque mise à jour majeure de macOS et d'iOS de noter cette version. On notera que nos deux sondages ont été mis en ligne bien avant les deux catastrophes de la semaine dernière.

Dans les deux cas, la situation n'est pas brillante. macOS High Sierra obtient une note moyenne de 6,17/10. Mention : assez bien. Ce qui allait très bien à un élève ayant un poil dans la main comme moi est assez insuffisant pour une société pour qui l'excellence est le juste minimum.

Ce qu’il est intéressant de noter, c'est que les notes d'Apple dans ce domaine ne cessent de baisser. El Capitan obtenait un 7,5/10, alors que Sierra ratait de peu la barre des 7. C'est d'autant plus inquiétant pour Apple que High Sierra n'est pas une version de rupture qui initie un nouveau cycle comme a pu l'être Lion, par exemple. En théorie, c'est même tout le contraire.

Dans les réactions, vous êtes nombreux à réclamer un nouveau Snow Leopard pour macOS. Non seulement High Sierra incarne la fin d'un travail débuté avec Yosemite, mais ses principales nouveautés sont situées sous le capot, comme Snow Leopard en son temps : APFS, Metal 2, HEVC… Safari et Photos embarquent la majorité des changements visibles pour l'utilisateur lambda.

Snow Leopard en visite à High Sierra ?

Si macOS dégringole lentement mais surement, iOS affichait jusqu'à présent chez vous une certaine stabilité. Les version 9 et 10 avaient une moyenne quasiment identique : 7,3/10. Cette année, c'est la douche froide pour le système phare d'Apple. Vous lui avez donné une note de seulement 6,55/10. Dans les réactions aux sondages, les problèmes sont ceux que l'on a pu évoquer ces dernières semaines de manière plus ou moins répétée : un OS qui s'acclimate assez mal sur les "anciens" terminaux avec des bogues, des sensations de lenteur et un clavier exaspérant.

Ce qu'Apple doit faire pour retrouver la confiance de ses utilisateurs

Fort de ce constat, Apple va devoir réagir et retravailler son lien avec ses utilisateurs. Une cassure serait problématique et elle a déjà commencé à se concrétiser sur macOS. Cette année, comme nous avons pu le constater, la transition vers High Sierra est particulièrement lente (lire : La fragmentation de macOS continue avec High Sierra).

Si Apple ne prend pas garde, elle va découvrir un jour les affres de la fragmentation que Google et Microsoft connaissent si bien. Cupertino n'a d'ailleurs pas tardé à réagir et s'est montrée plus agressive ces dernières semaines pour pousser les utilisateurs à faire la mise à niveau (lire : Apple pousse à l’installation de macOS High Sierra). Les événements de la semaine dernière risquent toutefois de pousser certains utilisateurs à ne pas se presser.

La meilleure chose à faire à court terme pour rétablir ce déficit de confiance est non seulement de faire amende honorable (Apple a l'excuse facile sous Tim Cook), mais surtout de mettre en adéquation les paroles avec des actes.

Yosemite avait connu des débuts calamiteux, mais les dernières versions étaient honorables. À Apple de relever la barre que ce soit avec iOS 11 ou High Sierra. Avec les différentes mises à jour sorties depuis septembre, il serait d'ailleurs fort injuste de ne pas reconnaitre qu'un grand nombre de bogues a été corrigé. Mais le compte n'y est pas, encore loin de là. Il suffit de prendre un iPhone 6 (Plus) pour s'en rendre compte. Apple gagnerait à optimiser iOS 11 sur les petites configurations.

Est-ce suffisant pour convaincre les utilisateurs de mettre à jour ?

Avec les premières versions d'iOS, les nouveautés étaient telles que les utilisateurs ne se posaient pas ou peu la question de mettre à jour. On le voit maintenant avec iOS et encore plus avec macOS, qui sont tous les deux mûrs, il faut maintenant de solides arguments pour pousser les utilisateurs à mettre à jour. Pour les utilisateurs « lambda », le terme mise à jour n'est d'ailleurs pas ou plus synonyme de progrès. On constate même une certaine méfiance, et ce pour plusieurs raisons :

  • Si vous êtes nombreux à ne vous poser aucune question avant d'appuyer sur le bouton lorsqu'Apple livre une première bêta d'un nouveau système, l'utilisateur « normal » voit tout cela avec beaucoup plus de détachement. Le processus de mise à jour est souvent ressenti comme complexe, incertain et comme une perte inutile de temps.
  • Il y a les nouveautés qu'Apple met en avant et celles moins agréables que l'on découvre ensuite au quotidien. Apple doit faire en sorte qu'on n'ait pas l'impression qu'un téléphone prenne 20 ans d'âge suite à une mise à jour. Que l'iPhone dernier cri soit beaucoup plus rapide que l'ancien modèle ou qu'il ait des fonctionnalités qui lui soient réservées, cela n'a rien de choquant. Que l'ancienne voiture de course se transforme sans raison en pot de yoghourt, ce n'est pas normal.
  • Enfin, et ce n'est pas uniquement une question informatique, le changement fait peur. Bon nombre d'utilisateurs craignent d'appliquer une mise à jour parce qu'ils redoutent de modifier leurs bonnes vieilles habitudes.

Apple doit sans doute prendre tout cela en compte et réfléchir à la problématique même de mise à jour. Tous ses systèmes d'exploitation ne sont pas égaux. Le pire appareil à mettre à jour, c'est l'Apple Watch. Il faut qu'elle soit sur son socle de recharge et qu'elle soit à proximité du téléphone auquel elle est rattachée.

Non seulement, il y a ces contraintes physiques, mais en plus, mettre à jour watchOS prend énormément de temps. Et la moindre sortie de route se paie cash. En cas de tuile lors d'une mise à jour, cela se finit très souvent à l'Apple Store du coin pour la débloquer. Il doit y avoir une fragmentation peu commune avec l'Apple Watch pour un produit Apple.

À l'inverse, il y a un appareil assez incroyable qui est sans doute la marche à suivre pour Apple, c'est l'Apple TV. Il est toujours à jour sans que vous n'ayez rien à faire, ou presque. Lorsqu'il y a des nouveautés remarquables, un écran vous invite à les découvrir. Simple et pratique. Le système se charge d'appliquer la mise à jour quand vous ne l'utilisez pas.

Les mises à jour faciles et sans prise de tête, c'est sur l'Apple TV

Pour l'utilisateur, administrer tvOS est un vrai bonheur et comprend des fonctionnalités que l'on aimerait bien voir ailleurs. C'est la plate-forme d'Apple qui gère de très loin le mieux le multicompte sur l'App Store. Autre qualité : il se synchronise. Vous avez plusieurs Apple TV ? Vous vous retrouvez avec exactement le même écran d'accueil sur tous vos appareils. C'est d'autant plus rageant qu'à part dans le cadre d'une utilisation professionnelle, ce n'est pas l'appareil pour lequel cette fonctionnalité parait la plus indispensable.

Son vrai souci à l'Apple TV de toute façon, c'est la télécommande…

Magique cette Apple TV ? Si on se souvient des bonnes et moins bonnes mises à jour de macOS ou d'iOS, tvOS parait à côté comme un OS sans histoire. C'est aussi lié au fait qu'il est autrement plus simple que ces deux grands frères, qu'on lui en demande beaucoup moins, mais il y a ce côté plug & play qui manque finalement aux deux autres. Personne ne s'est jamais dit : "c'est incroyable ce qu'elle rame ou plante cette nouvelle version de tvOS".

tvOS évolue toutefois dans un monde à part chez Apple, mais c'est peut-être la voie à suivre. Elle se met à jour toute seule, obéit beaucoup moins à une logique de mise à jour annuelle que ses grands frères. Autant Apple insiste lourdement sur son site web sur la chaine de montagnes auquel macOS rend hommage et sur le numéro de version d'iOS, autant il n'est pas ou peu question de tvOS et encore moins de sa version quand il s'agit de faire la promotion de son hobby.

Pourquoi il est si difficile de sortir du rythme annuel

Pour les vieux systèmes que sont iOS et macOS, il y a sans doute des leçons à prendre de cet exemple. Arrêter de vouloir sortir des mises à jour majeures chaque année, sortir de cette logique de numéro de version et/ou des chaines de montagnes, c'est un voeu pieux de nombre d'utilisateurs. Microsoft d'ailleurs est sorti de cette logique avec Windows 10 qui est mis à jour principalement deux fois par an et dont les nouvelles versions sont déployées progressivement (lire : Les grosses mises à jour de Windows 10 tomberont à date fixe).

Le souci, c'est que chez Apple, tout est intégré. La combinaison logiciel / matériel fait que la marque revoit également son système pour qu'il soit en mesure d'exploiter au mieux le tout dernier iPhone. Mais est-ce que cela doit être l'objet d'une mise à jour centrale ? Cette stratégie n'a jamais empêché Apple de sortir des iPad au beau milieu du printemps. Après il est vrai que la tablette joue un rôle nettement moins central que l'iPhone… C'est aussi le cas du Mac cela dit.

L'autre intérêt des mises à jour annuelle, c'est d'envoyer un message clair aux développeurs. En juin, lors de la WWDC, Apple présente les grandes priorités pour les douze mois à venir. Cette année par exemple, les principaux axes étaient ARKit, CoreML, Metal 2 et Swift 4.

De ce point de vue, la stratégie d'Apple est un succès. Elle parvient en permanence à mobiliser son écosystème, à faire en sorte que les développeurs adoptent rapidement ses dernières API et technologies. Par rapport à la concurrence, c'est un vrai plus.

Le cas le plus frappant est sans doute ARKit. Si on peut regretter que la killer-app exploitant cette technologie n'ait pas encore vu le jour, Apple a réussi à faire en sorte que les éditeurs gravitant autour de l'App Store s'y intéressent. Tim Cook se félicitait début novembre que plus de 1000 applications exploitant cette technologie soient disponibles dans l'App Store.

La réalité augmentée, beaucoup d'autres ont essayé avant d'exploiter cette technologie. Personne n'avait réussi à créer un engouement comparable.

On a beau tourner le problème dans tous les sens, il n'y a pas de réponse simple. Ou peut-être faire ce qu'Apple s'est toujours refusé à faire : dire clairement quelles sont ses priorités et les marquer nettement. Faire ce qu'elle fait déjà sur le plan du matériel en renouvelant annuellement ses iPhone et tous les deux ans les produits qui comptent moins, mais sur le plan logiciel. Autrement dit, déconnecter totalement les cycles de développement de macOS et d'iOS.

Mais les dernières révélations relatives à l'iMac Pro laissent penser qu'on s'achemine exactement vers l'inverse. BridgeOS, qui aura un rôle encore plus important avec l'iMac Pro, va au contraire réduire les frontières entre iOS et macOS d'une part et le monde ARM et le monde x86 d'autre part.

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