À quelques heures de la publication des résultats du troisième trimestre de l’année fiscale 2017 d’Apple, c’est un petit détail des résultats du deuxième trimestre qui pique la curiosité des investisseurs. Un tout petit détail, même, puisqu’il s’agit d’un seul caractère dans une phrase perdue au milieu de longues déclarations arides. Mais un petit caractère qui repousse l’application de nouvelles règles comptables.
Entre 2014 et 2016, la Securities and Exchange Commission (SEC) a publié une série de règles modifiant sensiblement les « principes généralement acceptés de comptabilité » (generally accepted accounting principles, GAAP). Une de ces règles s’applique à la manière de comptabiliser le chiffre d’affaires des « cartes cadeau » qui n’ont pas encore été utilisées. Cela vous semble futile ? Le chiffre d’affaires d’une société comme Amazon pourrait pourtant augmenter de plusieurs centaines de millions de dollars.
La loi américaine interdisant de désactiver une carte cadeau dans les cinq ans suivant son activation, la plupart des sociétés américaines attendent 24 à 60 mois avant de comptabiliser le produit de cartes n’ayant pas été utilisées. Or à la fin de l’année 2016, Amazon estimait le montant « dormant » sur des cartes inactives à 2,4 milliards de dollars. Avec la nouvelle règle, les sommes inutilisées pourront être comptabilisées après neuf à douze mois, délai au-delà duquel il est probable que les cartes ne seront jamais utilisées.
La plupart des sociétés américaines ont déjà intégré cette nouvelle règle, ainsi que les autres modifications édictées par le gendarme américain de la bourse, qui vont notamment toucher les géants du secteur technologique. Microsoft a adopté ces règles pour la publication des résultats de son année fiscale 2018… qui vient de commencer. Apple aurait dû faire de même, son prochain exercice fiscal débutant le 1er octobre, mais a finalement décidé de repousser l’échéance d’un an.
« La société prévoit d’adopter les nouveaux standards lors de son premier trimestre 2019 », dit-elle dans sa déclaration de résultats du deuxième trimestre 2017, alors qu’elle prévoyait de le faire dès 2018. Apple devrait ainsi être l’une des dernières sociétés à appliquer les nouvelles règles, sans doute parce qu’aucune autre société n’est autant affectée. De la manière dont elle « dilue » la valeur des logiciels dans le matériel à celle dont elle comptabilise les revenus des abonnements iCloud et Apple Music, en passant par la manière dont elle étale le chiffre d’affaires de certaines ventes d’iPhone, Apple va devoir tout recalculer.
Et pas seulement à partir de 2019 : elle devra republier ses chiffres de 2017 et 2018, pour ne pas « casser » les comparaisons annuelles, avec les nouvelles règles. Apple assure que cette opération « n’aura pas d’effet sensible sur le montant et la temporalité du chiffre d’affaires ». Une déclaration qu’elle ne pourra plus faire, du moins pas sans apporter des preuves « quantitatives et qualitatives », sous le nouveau règlement.
Source : Via MarketWatch