Le troisième trimestre est traditionnellement le trimestre le plus « mou » de l’année fiscale d’Apple. La croissance de la société a pourtant accéléré ce trimestre : de 3,3 % au premier trimestre et 4,6 % au deuxième trimestre, elle est passée à 7,2 %. L’activité de la société reprend rapidement, c’est un fait, mais le cours du dollar gonfle ces chiffres.
Apple ne réalise plus que 35 % de son activité aux États-Unis : le cours des devises influe directement sur son chiffre d’affaires. Négativement, comme elle l’expliquait en octobre 2014, au moment où l’euro et la livre sterling entamaient leur forte chute face au dollar, ou encore l’an passé, quand le yen et le yuan ont dévissé.
Un dollar fort peut entraîner une hausse des prix des produits d’Apple, qui peut à son tour affecter la demande. À prix constant, il diminue le produit des ventes réalisées à l’international, et donc le chiffre d’affaires de la société. Autrement dit : même si les ventes augmentent, un renchérissement du dollar peut faire baisser le chiffre d’affaires.
Ce qui est vrai dans un sens l’est aussi dans l’autre, et un dollar faible peut entraîner une baisse des prix des produits d’Apple, qui pourrait encore accélérer la reprise des ventes d’iPad par exemple. Surtout, il augmente le produit des ventes réalisées à l’international, dans une proportion qui peut atteindre plusieurs milliards de dollars donc plusieurs points de croissance.
Or l’insuccès politique et l’incurie économique de l’administration Trump, et l’attentisme des banques centrales, fragilisent le dollar. L’euro est remonté à 1,18 $, la livre sterling à 1,32 $, et le yuan semble avoir fini sa chute. Les niveaux de 2014 sont encore loin, sans même parler de ceux de 2008, mais la tendance est claire. Elle est même saluée par Trump, partisan d’un dollar faible et d’une utilisation plus énergique de l’arme monétaire.
Ainsi favorisée à l’international, Apple pourrait aussi en profiter pour investir sur le sol américain à moindre prix. En citant l’exemple de Corning, qui fabrique dans le Kentucky le verre qui protège l’écran des iPhone, Tim Cook a évoqué « plusieurs usines qui pourraient bénéficier d’un investissement » et même la possibilité « d’installer des lignes de production aux États-Unis pour la première fois [NdR : depuis la fin des années 1990]. »