Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. L’adage est connu, mais n’est pas toujours respecté, même dans le monde si sérieux de l’entreprise. C’est d’autant plus vrai lorsque l’on travaille avec Apple. Fournir Apple, c’est comme signer « un pacte avec le diable », comme nous l’expliquions récemment, suite à la déconvenue d'Imagination Technologies qui a dévoilé qu’Apple comptait se passer de ses services d’ici deux ans.
Résultat, cette société, qui fournit à Apple les circuits graphiques pour les terminaux iOS, a vu le cours de son action dévisser de 70 %. On plaint les investisseurs… Il faut dire que sur son dernier exercice, Apple était de très loin son premier client et contribuait quasiment à hauteur de 50 % de son chiffre d’affaires.
Apple tranche dans le vif et ne fait jamais dans la dentelle. À un tout autre niveau, on a pu encore le constater cette semaine quand elle a décidé de diviser par deux la commission d’affiliation que le constructeur verse aux sites quand leurs lecteurs cliquent sur des liens menant vers l’App Store. Certains sites ne vivant que de cela vont devoir très rapidement trouver des réponses adéquates.
Pour en revenir au monde de l’entreprise, Business Insider avait publié une infographie listant les grandes sociétés qui dépendent un peu trop de la firme de Cupertino suite aux déboires d’Imagination Technologies.
Outre Imagination Technologies, on retrouve Dialog Semiconductor, encore une société britannique, qui a réalisé 74 % de son chiffre d’affaires avec Apple lors de son dernier exercice. Les dirigeants de cette entreprise doivent avoir des sueurs froides en ce moment. Il se murmure en effet qu’Apple aurait mis sur pied une importante équipe de développement pour concevoir sa propre puce chargée de la gestion de l’alimentation pour ses prochains iPhone et iPad (lire : Apple développerait sa propre puce de gestion de l'énergie dans les iPhone). Si ce projet venait à se concrétiser, Dialog Semiconductor se trouverait en grand danger. Autres cas évoqués : Cirrus Logic (66 % de son CA) et Japan Display (54 %) qui fournissent respectivement à Apple des puces audio et des écrans.
Dans le lot, on trouve également un éditeur de logiciels, Glu Mobile, qui fait une bonne partie de sa fortune en vendant des jeux sur l’App Store. Dans ce cas, le rapport de force est bien différent. On voit mal Apple se substituer à un éditeur de jeux. Malgré tout, l’épée de Damocles existe bel et bien. Si Apple se décide, un jour ou un autre, à changer certaines règles de l’App Store (comme baisser le taux de commission), les répercussions pourraient être immédiates.
Dans un tout autre genre, les conséquences ont été terribles pour AppGratis. Ce service qui mettait en avant une app gratuite par jour a rapidement fermé ses portes quand Apple a refusé de valider son app (lire : Le rebond du fondateur d'AppGratis après la chute) . Ce qui est vrai pour une petite entreprise peut également l’être pour des structures bien plus importantes. Uber a failli être retiré de l’App Store en 2014, quand Apple s’est rendu compte qu’elle trichait pour remonter des informations en douce (lire : Lorsque le patron d'Uber se faisait taper sur les doigts par Tim Cook) .
Dans cette liste compilée par Business Insider, il y a un dernier cas assez particulier : Foxconn. Il s’agit de la cheville ouvrière d’Apple. Comme d’autres, elle est souvent mise en concurrence par la firme de Cupertino. Mais le groupe industriel taïwanais doit être l’un des rares partenaires d’Apple à pouvoir quasiment parler d’égal à égal. En effet, peu de sociétés peuvent se targuer de compter plus d’un million d’employés et de réaliser près de 140 milliards de dollars de chiffres d’affaires. Alors, certes elle dépend d’Apple (54 %), mais elle dispose d’une force de frappe et d’une réactivité sans commune mesure. Même une société comme Apple ne peut pas se passer d’un partenaire capable de produire un demi-million d’iPhone par jour…