N’en déplaise aux esprits chagrins, Apple aurait sans doute eu matière à faire un keynote avec toutes les nouveautés présentées hier. Alors, entendons-nous bien, cela n’aurait pas été un cru exceptionnel, mais les keynotes de début d’année sont très souvent deux ou trois tons en dessous des deux événements Apple qui comptent vraiment dans l’année : la WWDC et l’événement de septembre qui sert de rampe de lancement à la nouvelle génération d'iPhone.
De quoi faire un keynote
L’absence de keynote peut s’expliquer peut-être par des retards de dernière minute concernant le nouveau campus d’Apple. La firme de Cupertino aurait sans doute adoré pouvoir accueillir les médias dans sa nouvelle enceinte du Steve Jobs Theatre. Le menu entre son nouveau campus, les nouveautés logicielles (Clips, Swift Playgrounds, et dans une moindre mesure iOS 10.3 et OS X 10.12.4) et matérielles (iPhone 7 Red, nouvel iPad, et nouveaux accessoires) et quelques annonces annexes comme Apple sait si bien les orchestrer, aurait sans doute été aussi fourni voire plus que l’événement de l’année dernière à la même époque. Pour vous en convaincre, on vous renvoie à notre résumé du keynote du 21 mars 2016.
Les nouveautés présentées hier ont été fraichement accueillies. Entendons-nous bien, il n’y a pas de quoi sauter au plafond, mais il n’en demeure pas moins qu’il y a certains éléments intéressants à analyser.
Avec l’Apple Watch, Apple joue le rythme des saisons. Ce n’est pas si nouveau que cela : le constructeur le faisait déjà avec ses premiers iMac et a entretenu « la tradition » avec l’iPad. Si la Pomme propose toujours plus d’accessoires et singulièrement des bracelets, elle continue de réduire le nombre de références concernant ses montres. Et ce n'est pas plus mal, car il y avait de quoi s’y perdre. Au passage, on rappellera qu’il est possible (enfin) d’acheter séparément un bracelet Nike.
Un mot également sur l’iPhone 7 Red, qui en photo du moins a l’air assez réussi. Il y aura toujours ceux qui râleront en disant qu’Apple n’innove plus. C’est facile et cela ne mange pas de pain. Personne n’attendait de véritable changement en ce qui concerne la gamme iPhone à cette période de l’année. En vérité, c’est assez bien joué. Cela permet d’apporter un peu de nouveauté à un produit à mi-parcours, au moment de l’année où les ventes de téléphone Apple ont tendance à piquer un peu du nez. L'an dernier à la même époque, Apple lançait un iPhone SE qui avait rempli cet office avec un certain succès.
Pour les geeks que nous sommes, cela peut paraitre un blasphème, mais la couleur chez bon nombre de consommateurs est sans doute un argument plus important que le processeur, le fait de savoir si Touch ID est de première ou de deuxième génération, ou encore si le smartphone possède un Taptic Engine. À tous ceux qui ont quelques doutes sur le sujet, on vous recommande la lecture de cet entretien de Jonathan Ive où il se félicitait de cette évolution.
Apple moins pingre en 2017 ?
On l’a souvent critiqué pour cette mauvaise habitude, Apple se fait légèrement moins pingre en ce début d’année. On se félicitera par exemple que l’iPhone SE embarque d’entrée 32 Go de mémoire de stockage et on est presque surpris de voir un haut de gamme doté de 128 Go. Peut-être qu’Apple a procédé à quelques compromis en utilisant de la mémoire moins rapide comme sur les iPhone 7 32 Go (lire : Pourquoi l'iPhone 7 32 Go est plus lent que les autres modèles) , mais c’est un compromis qui nous parait intéressant. Et puis cela harmonise les familles de produits mobiles d'Apple : l'entrée de gamme à 16 Go, c'est désormais terminé ou presque, puisqu'il reste toujours le valeureux iPod touch !
Pour l’iPad également, Apple a pris tout le monde à contre-pied. On attendait à tort de nouveaux modèles d’iPad Pro. Ils sont sans doute dans les tuyaux, mais probablement pas avant un bon moment. Il y a sans doute un point que beaucoup ont oublié, c’est qu’à ce jour, on n’a toujours pas vu la moindre pièce détachée émanant d’Asie montrant qu’un tel projet était en gestation. L’attente pourrait être plus longue que prévu.
Au passage, c'est un point à surveiller de près en ce qui concerne les nouveaux iPhone. Il est encore un peu tôt, mais si dans le prochaines semaines, on ne voit pas de pièces détachées apparaitre montrant clairement un nouveau design, il sera alors temps de se poser des questions. On rappellera que tout le monde avait fait fausse route avec l'iPhone 4S, présenté comme l'iPhone 5 par la rumeur avec son design « goutte d'eau »… qui n'est jamais apparu (lire : iPhone 5 : pourquoi les fabricants de housses se sont plantés).
Mais pour en revenir à l’iPad là encore, Apple joue la carte du prix : 329 $ pour une tablette de 9,7 pouces, c’est du jamais vu chez Apple. On regrettera qu’avec la TVA et le taux de change, elle se négocie 409 € de notre côté de l’Atlantique. Mais par rapport à nos voisins d’outre-Manche, on n’est peut-être pas à plaindre (lire : Au Royaume-Uni, l'iPad a pris cher) .
En vendant un iPad à un prix compétitif, Apple cherche à répondre à une double problématique. Tout d’abord, la firme de Cupertino cherche à enclencher la pompe à renouvellement. À séduire tous ceux qui ont un iPad 2 depuis des années, qui n’ont pas eu l’envie de changer de tablettes et qui n’ont pas l’envie ou les moyens de mettre 600 € dans un iPad Pro. Pour ceux-là, le nouvel iPad pourrait représenter un très bon deal.
À ce prix-là, c’est également une manière pour Apple de tenter de renverser la tendance dans le milieu de l’éducation, notamment aux États-Unis où la firme californienne souffre de plus en plus de la concurrence des Chromebook. Ce n’est pas pour rien que Logitech a présenté dans la foulée le Rugged Combo, un étui clavier spécialement conçu pour ce modèle, qui se commande par lot de 10 et qui est spécialement destiné au monde de l’éducation.
De cette manière, Apple répond aux deux principaux défauts qui sont faits à son offre : le prix et l’absence d’un clavier. Est-ce que cela suffira à inverser la tendance par contre ? Rien n’est moins sûr… Mais on peut espérer que ces efforts tarifaires se poursuivront dans les mois à venir sur les Mac, notamment sur les MacBook et les MacBook Pro.
L’autre chose sur laquelle il convient d’insister, voire de se féliciter, c’est que la gamme iPad ressemble enfin à quelque chose. Elle est beaucoup plus cohérente que par le passé. Par contre, plus que jamais, on est en droit de se poser des questions sur l’avenir de l’iPad mini, qui se limite sur l’Apple Store à un seul modèle doté de 128 Go.
Prochaine étape, la WWDC
Maintenant qu’Apple a vidé son sac de nouveautés printanières et que nous sommes quasiment en avril, il se pourrait bien qu’il n’y ait pas de keynote avant la WWDC. C’est d’autant plus probable que la conférence des développeurs d’Apple commence début juin (lire : La WWDC 2017 se tiendra du 5 au 9 juin à San Jose) .
Aura-t-on le droit à d’autres nouveautés d’ici là ? On peut toujours espérer de petites mises à jour concernant l’iMac et le MacBook (lire : Les Mac bourgeonneront-ils au printemps ?). Mais à l'instar du nouvel iPad et de l'iPhone 7 RED, sans présentation en grande pompe.