Le développement de nouvelles inventions chez Apple procède d'une organisation assez centralisée alors qu'elle est beaucoup plus éclatée chez Google. C'est ce qui ressort d'une représentation graphique basée sur l'analyse de 10 ans de brevets déposés aux États-Unis.
L'outil PatentsView de la société américaine Periscopic illustre cette organisation au travers de ces deux schémas élaborés spécialement pour Fast Company
Chaque point gris désigne une personne et la taille de son cercle traduit le nombre des brevets où son nom est mentionné. Sans surprise, c'est Jonathan Ive qui est le plus cité chez Apple. Il est entouré de quelques-uns de ses fidèles du studio design. Quant à la contribution de Steve Jobs, elle est moindre que celle de cette poignée de mousquetaires, mais il se détache tout de même nettement du lot général. Passée cette poignée d'individus, on tombe vite dans une masse anonyme et néanmoins compacte.
À l'inverse, chez Google, la masse des cercles est beaucoup plus diffuse, plus étalée. On peine à distinguer un noyau central autour duquel graviteraient les autres contributeurs. C'est comme si celui d'Apple avait explosé. À noter que chaque brevet étant le plus souvent le résultat d'un travail commun, c'est cela que montrent les lignes qui relient chacun des points entre eux.
Sur la décennie écoulée, Apple a produit 10 975 brevets grâce à 5 232 inventeurs et Google en a 12 386 au compteur avec 8 888 contributeurs. Une proportion assez similaire mais une organisation différente, il y a en moyenne 4,2 personnes derrière un brevet chez Apple contre 2,8 chez Google. À lui seul, Steve Jobs est cité dans 347 brevets, alors que les deux cofondateurs de Google, Sergey Brin et Larry Page, n'en totalisent que 27 (quantité ne veut pas dire qualité, l'algorithme qui a servi à créer l'algorithme d'indexation de Google vaut bien quelques centaines de brevets à lui seul…).
Quant aux points situés en périphérie de ces deux masses, tel une ceinture d'astéroïdes, avec peu de ramifications avec le reste, ils représentent les inventeurs de brevets achetés ou issus d'équipes isolées.
On ne peut toutefois filer sans fin la comparaison entre les deux sociétés, quand bien même elles sont concurrentes. Ces 10 dernières années, Apple a créé énormément dans le matériel (en déposant moult dessins et modèles pour ses produits) sans oublier les logiciels et services. Alors que Google a d'abord été dans le logiciel et les services (certainement plus d'algorithmes que de modèles déposés pour la forme d'une tablette) et de plus en plus aujourd'hui dans le matériel. Le poids de la petite équipe design de Jonathan Ive illustre parfaitement cette différence dans les deux schémas.
Mais au vu de la manière dont évoluent aujourd'hui les gammes produits de ces deux entreprises, on peut imaginer que dans 10 ans la même analyse produira des schémas différents. Plus éclatés par exemple chez Apple, où des efforts plus importants se portent en direction de l'intelligence artificielle et de la réalité augmentée. Des domaines où le studio design n'aura pas forcément le même poids.