Dans son article consacré à "iPhone City", la ville de Zhengzhou qui s'est transformée en principal lieu de production des iPhone, le New York Times a donné aussi quelques éléments sur l'organisation du transport des quelques 500 000 (cinq cent mille !) smartphones d'Apple qui sortent quotidiennement de cette usine de Foxconn.
Assemblage
Il faut d'abord rassembler tous les composants qui constituent un iPhone auprès de 200 fournisseurs à travers le monde. Foxconn n'en produit qu'une petite partie : des châssis en métal. Apple achète donc tous ces composants et les revend à Foxconn.
Jusqu'à 350 iPhone par minute peuvent être fabriqués à Zhengzhou dans l'est de la Chine. Foxconn et ses 350 000 petites mains aux périodes de pointe s'occupent de l'assemblage final, des tests et de la mise en boite. Apple reste encore aujourd'hui le principal client de cette infrastructure. Elle comprend 94 lignes de production dévolues aux iPhone, qui sortent prêts à être emballés après environ 400 étapes. Ils partent ensuite vers les camions qui forment parfois une file d'attente s'allongeant sur plus d'un kilomètre et demi.
Douane
Un poste de douane, créé ex-nihilo, traite cette marchandise. Réclamé par Foxconn, il est situé entre son usine et l'aéroport. Cet espace administratif est considéré en quelque sorte comme un sol étranger à la Chine. Il vient remplacer un système ubuesque qui prévalait dans les années 1980. Les produits manufacturés en Chine par des entreprises étrangères devaient se voir appliquer des taxes d'importation pour être vendus aux clients chinois. Pour ce faire, ils étaient physiquement transférés à Hong-Kong (qui profitait d'un statut économique particulier) et revenaient aussitôt en Chine, avec le statut de produits importés et taxables.
Ainsi, dans le cas d'Apple, lorsqu'elle a confié à Foxconn la fabrication de ses iPod, les baladeurs sortaient des usines, ils étaient chargés sur des cargos qui naviguaient vers Hong-Kong et qui, une fois sur place, faisaient demi-tour pour revenir à leur point de départ. Une méthode baptisée le "U-turn", pratiquée par toutes les multinationales.
Aujourd'hui elle est réalisée électroniquement, sans que les produits n'aient plus besoin de se balader. Un iPhone est virtuellement tamponné comme "exporté" et aussitôt après comme bien "importé". Puis il est soumis à une taxe de 17%, son visa pour être vendu partout en Chine. Dans ce poste de douane, Foxconn vend les iPhone à Apple qui les revend à ses filiales à travers le monde.
Transport vers l'étranger
Au bout de quelques kilomètres en camions, les palettes d'iPhone arrivent à l'aéroport de Zhengzhou dont la taille a suivi le développement des ventes du téléphone. La petite taille des iPhone permet de privilégier un transport aérien de grosses quantités. Un seul 747 serait capable d'acheminer 150 000 iPhone. Les modèles destinés aux États-Unis embarquent dans les avions de FedEx, UPS et autres et filent vers Anchorage en Alaska pour une escale kérosène. Ils repartent en général pour Louisville dans le Kentucky, dans l'est du pays et vers d'autres centres névralgiques de distribution.
Transport en Chine
Les iPhone destinés au marché chinois empruntent la route vers Shanghai, tout à l'est du pays. Un voyage en camions de 18 heures. Un seul long chargement peut contenir jusqu'à 36 000 iPhone (faire des boites de plus en plus compactes c'est bon pour l'écologie mais aussi pour les coûts en logistique…). Au vu de la valeur transportée, certains véhicules sont équipés de caméra ou accompagnés de personnels armés. Paradoxalement, du fait des taxes appliquées, un iPhone coûte en général 20 % de plus en Chine qu'aux États-Unis.