Des sous-traitants d'Apple ne sont pas spécialement disposés à s'installer aux États-Unis, dans l'hypothèse où l'entreprise essaierait de développer des unités de production sur le sol américain.
L'équation est complexe et ne se résume pas à Apple ou Foxconn (qui semble vouloir faire quelque chose en ce sens). Cette sous-traitance représente une véritable toile d'araignée internationale, elle compte par exemple 130 fournisseurs au Japon ou 36 uniquement à Taïwan, et ce ne sont pas les seuls (lire aussi Apple en Chine : pourquoi Donald se Trump).
Digitimes relaie un article (en chinois) de QQ.com sur cette question d'un possible déménagement. Lens Technology, qui vend des pièces en verre pour les iPhone, n'entend pas ouvrir des lignes de production américaines. En Chine, cette entreprise peut s'appuyer sur une force de travail de 70 000 ouvriers, tous âgés de moins de 45 ans. Aux États-Unis, les employés dépasseraient plus aisément cet âge, affirme le sous-traitant.

En outre, les salaires devraient être plus élevés et le personnel serait moins enclin à accepter des variations importantes dans les horaires de travail. Seuls avantages, a priori, pour une aventure américaine : un coût du foncier moins élevé pour installer des usines et une facture énergétique plus basse.
Un autre fournisseur, basé à Shenzhen, souligne lui la très forte densité de compétences réunies en Chine, en particulier pour la fabrication de téléphones, le principal produit d'Apple aujourd'hui. Des couches de verre en passant par les panneaux tactiles, les batteries, les circuits imprimés et tout bonnement les lignes d'assemblage, tout cela est en quelque sorte disponible clef en main pour les clients. Et ce ne sont pas que des exécutants, ces entreprises ne se contentent pas d'assembler en fonction des desiderata d'Apple, elles disposent d'un véritable savoir-faire.

Il y a quelques mois, Tim Cook exposait ainsi la situation :
La Chine a mis un accent énorme sur ses capacités de production. […] Les États-Unis, au fil du temps, ont commencé à ne plus avoir autant de ces profils [d’ouvriers et de salariés de l’industrie]. Je veux dire par là que vous pourriez prendre tous les outilleurs ou ajusteurs américains et vous pourriez certainement les réunir dans cette pièce où nous sommes. En Chine, il vous faudrait plusieurs stades de football. Cela a été un objectif pour eux, un objectif de leur système éducatif, et c’est la réalité aujourd’hui.
Elles ont en sus une capacité de réaction élevée. Un exemple est donné pour les pièces en métal, réalisées par injection. Les commandes peuvent être assurées en 10 jours à Shenzhen, là où cela prendrait probablement le triple aux États-Unis.
Et c'est sans compter les gouvernements de gros marchés comme l'Inde ou l'Indonésie qui réclament des entreprises étrangères qu'elles investissent davantage sur leur sol, pour obtenir le droit de vendre leurs produits ou de développer leurs activités commerciales. Pour le moment Apple s'en sort en ouvrant des centres de développement logiciels, à défaut d'avoir des usines.
Les mois à venir sous l'administration Trump diront si, ne serait-ce qu'une fraction de ce qui est nécessaire à l'assemblage des ordinateurs, tablettes ou téléphones d'Apple peut être rapatrié aux États-Unis. Pour l'heure, à part la timide expérience du Mac Pro assemblé au Texas par Flextronics (un produit dont les volumes ne pèsent pour ainsi dire rien), la Pomme n'a pas donné l'impression qu'elle penchait vers cette stratégie.