L’Europe agace Tim Cook. Apple est actuellement au cœur d’une enquête de la Commission européenne qui vise d’éventuelles largesses fiscales accordées par l’Irlande au constructeur. Une décision sur le sujet est attendue dans les semaines à venir (lire : Optimisation fiscale : la décision européenne sur l'Irlande et Apple pour la rentrée).
Dans son interview au Washington Post, le CEO se fait combatif. « J’espère que nous obtiendrons une audition impartiale. Si ce n’est pas le cas, alors évidemment nous ferons appel ». Il revient plus profondément sur le cas irlandais : « L’allégation portée par la Commission est que l’Irlande nous a offert un accord spécial. L’Irlande le nie. La structure qui nous a été appliquée est la même pour tout le monde, elle n’est pas unique à Apple. C’était leur législation » (lire : Le secret de polichinelle de l'optimisation fiscale d'Apple).
Tim Cook pointe surtout un problème finalement très européen : « Il y a une sorte de guerre entre les pays pour déterminer à qui attribuer les bénéfices ». L’autre épine fiscale dans le pied d’Apple, c’est le rapatriement de l’énorme trésor de guerre de l’entreprise, et plus largement la législation fiscale américaine. L’économiste Joseph Stiglitz a d’ailleurs déclaré très récemment qu’Apple « fraudait » le fisc US au travers des ficelles de l’optimisation fiscale, dont l’entreprise est une des championnes.
Pour Tim Cook, le problème réside dans l’imposition des sommes détenues à l’extérieur du pays. « Si nous rapatrions cet argent [plus de 200 milliards de dollars], nous paierons 35% de taxes fédérales, plus 5% de taxes pour l’État, donc cela représente 40%. Nous ne bougerons pas tant que nous obtiendrons un taux juste. Il n’y a pas de débat là dessus (…) Ce n’est pas une question d’être patriote ou pas. Ce n’est pas “plus vous payez, plus vous aimez votre pays“ ».
Le CEO d’Apple pense que d’un côté comme de l’autre de l’arène politique américaine, on réfléchit à la révision du code fiscal pour les entreprises. « Nous sommes le plus important payeur de taxes aux États-Unis. Nous n’esquivons pas l’impôt. Nous payons notre part, et plus encore. Nous n’exploitons pas les lacunes dont les gens parlent ». Et qui ont été qualifiées de « conneries politiciennes » par le même Tim Cook en fin d’année dernière.