Il fut une époque où Steve Jobs interdisait à ses collaborateurs de siéger au conseil d’administration d’une autre entreprise. Le cofondateur d'Apple, qui avait été membre du CA de GAP entre 1999 et 2002 pour apprendre l'univers du retail, n’avait fait qu’une exception à cette règle : il avait autorisé Tim Cook à siéger chez Nike. Par contre, il interdisait (ou presque) à Scott Forstall de mettre le nez dehors.
Là où Apple était relativement repliée sur elle-même sous Jobs, elle est de plus en plus ouverte depuis que Tim Cook a pris la direction du groupe.
D’ailleurs, Tim Cook est en quelque sorte un cumulard, puisqu’il siège dans quatre conseils d’administration différents. Outre celui d’Apple et de Nike, il est membre du CA de l'université Duke en Caroline du Nord — celle-là même où il a étudié — ainsi qu’à la National Football Foundation.
Plusieurs de ses plus proches collaborateurs apportent depuis quelque temps leur expertise dans d’autres sociétés, dont :
- Eddy Cue qui distille depuis 2012 ses bons conseils chez Ferrari ;
- Phil Schiller qui est tout récemment rentré au conseil d’Illuminia, un spécialiste de l’ADN ;
- Bruce Sewell qui a été nommé en 2013 chez Vail Resorts, une entreprise américaine basée au Colorado spécialisée dans le tourisme.
Si l’on met de côté le cas de Bruce Sewell, il est intéressant de noter que les dirigeants siègent dans des conseils d’administration de sociétés dont les activités intéressent Apple au plus haut point : l’automobile avec Ferrari, la santé avec Illumina, et le fitness et la mode avec Nike. Ce n’est sans doute pas désintéressé, c’est une manière de prendre le pouls de secteurs que la Pomme est en train d'explorer.
Attention toutefois, dans ce genre d’histoire, le conflit d’intérêts n’est jamais loin. Tim Cook avait été attaqué sur ce point quand les premières rumeurs relatives à l’Apple Watch ont fait surface. L’objet pouvait potentiellement faire de l’ombre à Nike qui disposait avec le FuelBand d’un tracker d’activité. Mais la marque à la virgule a préféré se retirer de ce segment en 2014 pour se concentrer sur le logiciel. Cela a sans doute dû simplifier les choses, puisque depuis Tim Cook a encore pris du galon au sein du CA de Nike.
Dans ce domaine, l’histoire est d’ailleurs assez douloureuse pour Apple. Alors qu’elle développait l’iPhone, la firme de Cupertino avait au sein de son conseil d’administration Eric Schmidt qui était alors le patron de Google.
Bien qu’il évitait d’assister aux réunions relatives au projet iPhone, Eric Schmidt était de par ses responsabilités plus ou moins au courant de ce qui se tramait. La suite est connue de tous : Steve Jobs devint fou de rage quand il découvrit qu’Android était une pâle copie de l’iPhone. Dès lors, les relations entre les deux hommes devinrent glaciales. Et tout cela donna lieu à une gigantesque bataille judiciaire avec les principaux fabricants de smartphones concurrents, Apple prenant soin de ne jamais attaquer directement Google.