Dans plusieurs interview, Tim Cook a détaillé ses projets pour l’Inde, un marché qui compte parmi les priorités d’Apple. Il y a passé presque toute la semaine, accompagné par le numéro 2 d’Apple, Jeff Williams ainsi que Lisa Jackson qui s’occupe des questions d’environnement et de recyclage des produits.
Cook a rencontré des banques pour tenter de comprendre leurs attentes en termes de paiement mobile en prévision d’Apple Pay. Il a vu des opérateurs téléphoniques, car la 4G se développe dans le pays et Apple entend bien profiter de la vague. Ces partenaires peuvent aussi se révéler précieux pour la vente de contenus. Contrairement à d’autres pays, la clientèle indienne est plus disposée à acheter en ligne lorsqu’elle est facturée par l’opérateur plutôt que de créer un compte chez le vendeur.
Cook a également discuté avec des artistes, des cinéastes et son voyage s’est conclu sur une rencontre avec le premier ministre Narendra Modi.
« En Inde pour 1 000 ans »
Dans un entretien avec le quotidien The Indu, Cook est revenu sur l’inauguration cette semaine d’un centre de développement pour Plans et l’ouverture prévue au début 2017 d’un bureau de support technique pour les développeurs iOS indiens.
Ce ne sont là que les premiers investissements d’Apple « Il y va avoir d’autres choses, nous allons nous engager en Inde ». 4 000 personnes à terme vont travailler pour Plans et l’autre initiative vise à renforcer l’écosystème iOS en Inde.
[…] nous considérons l’Inde comme une source importante de talents. Pas seulement pour nous-même mais aussi pour l’écosystème. Nous avons des centaines de milliers de développeurs en Inde, mais ce nombre devrait plutôt se compter en millions.
Est-ce que ces investissements passeront également par la fabrication d’iPhone dans le pays comme le souhaite le gouvernement ? Cook n’a pas écarté l’idée « Nous envisageons l’Inde comme un partenaire à travers plusieurs secteurs, pas seulement pour un seul domaine. La fabrication est quelque chose que nous allons logiquement considérer. »
Nous sommes des gens patients. Nous ne sommes pas en Inde pour une semaine ou pour trois mois. Nous sommes en Inde pour les mille prochaines années. Notre horizon est à très long terme. Nous sommes concentrés sur la notion de qualité, pas de quantité. Donc ça ne me dérange pas que nous n’ayons pas les plus grosses parts de marché. Mon objectif n’est pas d’être numéro 1 la semaine prochaine ou au prochain trimestre
Sur le marché du smartphone, l’iPhone ne pèse que 2 % aujourd’hui, même si ce chiffre a fortement progressé. Samsung est le principal adversaire avec une part de marché significative (42 % au dernier trimestre 2015 et 62 % des terminaux 4G vendus).
Un problème qui est en revanche pressant pour Apple c’est d’arracher l’obtention du droit d’importer et de vendre des iPhone reconditionnés. Pour avoir une offre plus abordable à coté des modèles neufs et hors d’atteinte d’une bonne partie des consommateurs.
Ce projet s’est heurté à un lobbying de fabricants indiens de téléphones, inquiets de voir les ambitions grandissantes d’Apple à l’égard de leur pré carré. Ces adversaires ont joué sur plusieurs cordes sensibles comme l’environnement, prétextant que ces iPhone d’occasion viendraient finir leur vie en Inde ; ou que ces iPhone profiteraient d’une exemption de taxes qui frappent pourtant d’autres produits importés, ou encore qu’en délivrant un tel visa, le gouvernement renoncerait à pousser Apple à faire du Made in India.
Tim Cook a déclaré avoir rencontré des interlocuteurs ouverts sur cette question. Il a cité comme produits ayant bénéficié d’un tel feu vert des modèles d’occasion de Mercedes et de Lexus.
La question de son opinion sur Donald Trump a été évoquée dans un entretien avec The Indian Express. Cook a répondu en creux, par des allusions au programme du candidat républicain qui à certains égards entend fermer l’Amérique sur elle-même.
L’objectif que nous nous fixons est de faire les meilleurs produits qui enrichissent la vie des gens. Nos valeurs sont que nous sommes ouverts à tout le monde, nous croyons fermement dans la diversité et nous croyons que les meilleurs produits sont fabriqués par les gens les plus différents et nous accueillons tout le monde. C’est vers cela que nous portons… nous sommes assez bons pour nous libérer l’esprit de pas mal d’autres choses.
Dans une autre interview, télévisée celle-ci, Tim Cook a abordé la question de l’adéquation du message marketing d’Apple — de nature plutôt globale — avec la culture indienne. Samsung, LG ou Amazon vont jusqu’à se présenter à leurs clients comme des entreprises du cru, a expliqué son interlocuteur. Le journaliste a pris en contre exemple la publicité Cookie Monster pour Siri qui n’évoque pas grand chose à un public indien.
Pour Cook, il ne s’agit pas de se « faire passer pour ce que l’on n’est pas », Apple est californienne et c’est ainsi qu’elle se présente chez elle et ailleurs dans le monde, « en Inde, en Chine ou en France » et elle entend bien le rester. Cela n’empêche pas d’essayer de comprendre un marché local. Effectivement a concédé Cook en souriant, cette pub n’est peut-être pas un bon exemple.
Ce samedi, le patron d’Apple a rencontré le premier ministre Narendra Modi. La teneur de leurs échanges n’a pas été détaillée, sauf de façon anecdotique avec la présentation de l’app iOS du dirigeant indien.