Apple présentait ce soir les résultats financiers du deuxième trimestre de son année fiscale 2016. Un trimestre plombé par le cours du dollar et le ralentissement de l’économie chinoise, si bien que la société a annoncé une baisse de son chiffre d’affaires, la première depuis 2003.
Chiffre d’affaires
Apple connaît donc la première baisse de son chiffre d’affaires depuis le T2 2003. Après trois ans de mévente du Mac et avant que l’iPod ne connaisse le succès que l’on sait, la société était encore fébrile.
Son chiffre d’affaires annuel dépassait à peine les 6 milliards de dollars ; son chiffre d’affaires trimestriel atteint aujourd’hui 50,557 milliards de dollars. Autant dire qu’il n’y a pas péril en la demeure, d’autant que 10,516 milliards de dollars sont rentrés dans les caisses (–22,68 %).
Reste que cette baisse de 12,85 % demeure frappante, même si elle était prévue et annoncée. La forte croissance d’Apple en 2015 semblait avoir démenti la thèse de l’« atterrissage » de la société, mais ces six derniers mois ressemblent à un crash. De Samsung à Microsoft, toutes les sociétés technologiques souffrent de la conjoncture, mais aucune autant qu’Apple.
Ventes d’iPhone
Elle paye là sa « dépendance à l’iPhone », qui représente deux tiers de son activité, mais souffre sur tous les plans. Le dollar fort ? C’est le prix de l’iPhone qui augmente. Le ralentissement de la demande chinoise ? C’est le meilleur soutien de la croissance d’Apple qui s’effondre. Les difficultés au Brésil et en Russie ? Ce sont de potentiels relais qui s’essoufflent.
Pour la première fois donc, les ventes d’iPhone sont en baisse : elles peinent à atteindre 51,19 millions d’unités, contre 61,17 millions l’an passé (–16,31 %). Le premier trimestre a montré que les nouveautés ne suffisaient pas à relancer un marché atone, et ce n’est pas l’iPhone SE qui changera sensiblement la donne dans les prochains mois.
Ventes d’iPad
Ni l’iPad, d’ailleurs, dont les ventes baissent pour le neuvième trimestre consécutif. Apple n’a vendu « que » 10,25 millions de tablettes ce trimestre, 18,79 % de moins que l’an passé… où les ventes avaient déjà baissé de 16,05 %. La barre des 20 millions d’unités semble définitivement s’éloigner, alors que celle des 30 millions était en vue il y a quelques années.
Il est encore trop tôt pour proclamer l’échec de l’iPad Pro, mais il est certain que même s’il a relancé l’intérêt de certains clients pour les tablettes et en a poussé d’autres à renouveler leur matériel, ses effets sont encore limités.
Ventes de Mac
Tous les voyants sont décidément au rouge, puisque les ventes de Mac baissent pour le deuxième trimestre consécutif, et dépassent à peine 4 millions d’unités. Le Mac n’avait pas connu un tel repli depuis la fin 2013, la dernière fois qu’Apple dû affronter les conséquences du contexte économique mondial.
Ses ventes baissent cette fois de 11,59 %… soit exactement le taux auquel le marché du PC s’est replié ce trimestre. Apple n’a donc pas grignoté de parts de marché sur ses concurrents ce trimestre, mais ne perd toutefois pas sa place de numéro quatre mondial.
Services et autres produits
Cela va devenir une habitude : les seules bonnes nouvelles viennent d’activités autrefois périphériques, aujourd’hui centrales. Les « services », d’abord, vague terme qui regroupe iCloud, Apple Music, Apple Pay, et les diverses boutiques en ligne. Ils pèsent pour 5,991 milliards de dollars dans le chiffre d’affaires d’Apple (+19,92 %), c’est-à-dire plus que le Mac.
Les « autres produits », ensuite, continuent sur leur belle lancée avec une progression de 29,60 % pour représenter près de 2,2 milliards de dollars. Sauf à ce que les ventes de Magic Mouse et de Smart Cover aient soudainement explosé, il ne fait aucun doute que ces bonnes performances sont dues à l’Apple Watch. Mais la firme de Cupertino refuse toujours de dévoiler ses chiffres de ventes…
Pour le troisième trimestre
Si Tim Cook se félicite que ses équipes se soient « extrêmement bien comportées face aux forts vents macroéconomiques contraires », Apple n’est pas encore sortie de l’ornière, bien au contraire. Car lorsque son directeur financier Luca Maestri estime qu’elle devrait réaliser un chiffre d’affaires compris entre 41 et 43 milliards de dollars au troisième trimestre, il dit que la baisse sera encore plus violente, entre 13,3 et 17,4 %.
Aller plus loin
Les annonces effectuées à l’occasion de la conférence téléphonique qui a suivi l’annonce de ces résultats, sur MacGeneration et iGeneration :
- Apple Music compte 13 millions d’abonnés
- Le succès mutique et cyclique de l’Apple Watch
- Apple caresse ses actionnaires dans le sens du poil
- L’iPhone 6s, victime du succès de l’iPhone 6
Notez par ailleurs ces chiffres, donnés pêle-mêle :
- la société a « rendu » 10 milliards de dollars aux actionnaires ce trimestre ;
- elle augmente d’ailleurs son programme de « retour de capital » à 250 milliards de dollars ;
- dont 140 milliards pour le rachat d’actions — son orientation à la baisse est une occasion trop belle pour être ratée ;
- et le reste pour le versement du dividende, qui augmente de 10 % : le 12 mai prochain, Apple versera 0,57 $ par action à tous les actionnaires de référence au 9 mai ;
- Apple a réalisé 67 % de son chiffre d’affaires hors des États-Unis ;
- sa marge brute est repassée sous les 40 %, à 39,4 %.