Les salariés des Apple Store français doivent demain signer un avenant à leur contrat consacré à la question du travail du dimanche. Fruit de deux mois de négociations rendues nécessaires par la loi Macron, il affirme le principe du volontariat et prévoit une compensation, mais divise les syndicats.
Seuls trois Apple Store ouvrent le dimanche : celui d’Aix-en-Provence, celui du Carrousel du Louvre, et celui des Quatre Temps. Même si la direction fait preuve d’une certaine flexibilité, les salariés ne sont pas totalement maîtres de leur planning, et doivent donc parfois travailler le dimanche contre leur gré, en échange d’une majoration de 25 %.
La loi Macron crée des zones touristiques et des zones commerciales où les commerces pourront ouvrir tous les dimanches « moyennant un accord prévoyant l’attribution de contreparties aux salariés et la garantie du volontariat. » L’Apple Store Opéra fait ainsi partie d’une zone touristique internationale : la loi autorise son ouverture en soirée, et l’attribution du repos hebdomadaire par roulement.
Sous réserve d’un accord spécifique aux Galeries Lafayette, la boutique dédiée à l’Apple Watch pourrait être soumise au même régime, et l’Apple Store de la Part-Dieu devrait être concerné par les dispositions spécifiques aux abords des grandes gares. Si les zones commerciales étaient étendues aux principaux centres commerciaux, l’ouverture le dimanche deviendrait la règle dans tous les Apple Store.
Un accord était donc nécessaire : direction et syndicats ont passé ces deux derniers mois à discuter de ses termes. Il pose partout le principe du volontariat, comme la loi l’y oblige. Dans les zones « normales » où le maire choisit douze dimanches ouvrés, la règle reste la majoration à 100 %. Dans les zones touristiques et commerciales, elle est fixée à 65 %, au lieu des 25 % actuels.
Dans les zones aux « dimanches du maire », les salariés continueront à bénéficier d’un jour de repos compensateur. Dans les zones touristiques et commerciales, les salariés parents pourront recevoir une compensation de 400 € par an au titre des frais de garde de leurs enfants, et bénéficier plus régulièrement d’un échange de dimanches. L’accord ne prévoit aucune prise en charge spécifique des transports, moins fréquents le week-end.
Le Clic-P accuse « la deuxième entreprise mondiale en termes [sic] de bénéfices » de solder « le travail du dimanche de ses salariés. » Le Comité parisien de liaison intersyndicale du commerce (CFDT/CFE-CGC/CFTC/CGT/FO/Sud) dénonce des garanties « scandaleuses », en tout cas « nettement inférieures à celles proposées dans d’autres enseignes où les négociations sur le travail dominical sont en cours. »
Le Cidre parle plutôt d’« un bon début », ce qui fait dire au Clic-P que le syndicat majoritaire « n’a visiblement que faire du principe de repos dominical pourtant défendu officiellement par sa centrale », c’est-à-dire la CFTC. C’est que là où le Cidre se réjouit de la clarification des conditions de travail le dimanche, le Clic-P s’inquiète de ses effets pervers et de la faiblesse des compensations salariales.
Un salarié qui s’est engagé à travailler le dimanche pourra revenir sur sa décision, mais devra attendre six mois pour le faire. Le volontariat est la règle, mais la direction prévoit déjà que les salariés puissent travailler jusqu’à 22 voire 24 dimanches par an. Les horaires du dimanche devraient être réduits, sans doute sur le modèle de la boutique d’Aix qui ouvre de 11 à 18 h, mais tout n’est pas encore fixé. Le CE s’était prononcé en faveur de cet accord, mais le CHSCT s’y était opposé.
La situation est épineuse, mais elle l’est dans toutes les sociétés concernées. Le Cidre a beau jeu de se féliciter d’avoir imposé le principe du volontariat : la loi le garantit ! Il n’est pas étonnant de voir le Clic-P rugir et tonner : il s’était formé à l’occasion de la loi Mallié, qui avait instauré le régime actuel du travail du dimanche. Les deux blocs sont sans doute irréconciliables, mais le syndicat majoritaire assure vouloir rapidement ouvrir de nouvelles négociations, notamment pour améliorer la compensation salariale.