Apple rencontre quelques difficultés en Australie. Le constructeur et sa technologie Apple Pay se sont fait rabrouer par les banques du pays, qui n’ont aucune envie de partager le gâteau annuel des commissions d’interchange qu’elles se partagent (ce qui représente 2 milliards de dollars australiens). Lors de chaque paiement par carte entre un commerçant et un client, la banque qui a émis la carte au porteur doit verser à la banque du commerçant un certain montant d’interchange.
Le Sydney Herald explique que la pomme tente de négocier une commission de 15 cents pour chaque 100$ de transaction, une somme que les banques américaines acceptent étant donné que leur part est de 1 $ par transaction de 100 $. En Australie, ce seuil est de 50 cents pour 100 $ : on comprend que les banques locales n’aient pas particulièrement envie d’en donner plus de 30% à un intermédiaire. La question est particulièrement sensible en Australie, puisque la Banque centrale voudrait voir ces commissions d’interchange baisser à 30 cents par tranche de 100 $.
De plus, les services de paiement sans contact sont autrement plus courants en Australie qu’aux États-Unis. Certaines des fonctions d’Apple Pay sont déjà présentes sur le marché australien « depuis 18 mois à deux ans », explique le directeur général de la Commonwealth Bank of Australia. Cette banque propose ainsi de payer chez un commerçant depuis son application (Android), ce depuis deux ans maintenant. Pour attirer les institutions financières du pays, Apple devra revoir à la baisse sa petite com’, ce que l’entreprise a consenti en Grande-Bretagne où celle-ci n’est que de quelques pences pour 100 livres.
L’optimisation fiscale ciblée
Mais Apple Pay n’est pas la seule préoccupation de l’entreprise en Australie. Un comité du Sénat du pays va présenter plusieurs propositions visant à renforcer la transparence en matière d’optimisation (certains parlent d’évitement) fiscale. Les sénateurs voudraient ainsi mettre en place un registre des « mauvais joueurs », ceux qui tentent de gruger le fisc du pays. « Il y a une faille majeure dans notre système d’imposition qui permet à quelques unes des plus grandes entreprises du monde d’économiser des milliards de taxes qui devraient revenir en Australie », explique un des édiles.
Une trentaine d’entreprises, parmi lesquelles Apple, Google et Microsoft, sont dans le viseur du législateur depuis une enquête du gouvernement australien rendue publique en avril. En ce qui concerne la multinationale de Cupertino, elle fait transiter une grande partie de ses profits australiens par une filiale basée à Singapour, un pays où l’entreprise aurait négocié une imposition de moins de 5% pendant dix ans.
L’Australie, comme les pays européens et les États-Unis, en ont soupé de se faire tondre la laine sur le dos par des entreprises suffisamment habiles pour éviter l’impôt. Des initiatives ont été lancées partout dans le monde pour que ces groupes reversent leur juste part de taxes là où ils engrangent des bénéfices.